Face à l’urgence, la CITES renforce la protection des animaux sauvages

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Elephants dans le parc national d'Amboseli, au Kenya 21 juin 2018 (AFP).

GENEVE (© 2019 AFP)La girafe ou encore le requin mako, parmi d’autres espèces, sont désormais protégés par la CITES régissant le commerce international d’espèces sauvages, au terme d’une réunion à Genève marquée par la colère de plusieurs pays africains.

La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), qui regroupe plus de 180 pays, était réunie depuis le 17 août. Les Etats membres se retrouvent tous les deux ou trois ans pour amender la liste des espèces sauvages – environ 36.000 – régies par la CITES. La convention est chargée de vérifier la bonne mise en oeuvre des décisions et peut imposer des sanctions. Un rapport clé de l’ONU a révélé récemment qu’un million d’espèces étaient menacées d’extinction à cause des activités humaines. L’inscription de nouvelles espèces et l’interdiction du commerce international pour d’autres marquent « la reconnaissance de l’urgence », a salué la secrétaire générale de la CITES, Ivonne Higuero, lors de la conférence de presse de clôture.

Carte de la répartition des éléphants en Afrique, avec chronologie des populations estimées (AFP).

Parmi les animaux emblématiques, la CITES a introduit la girafe dans son annexe II – qui soumet le commerce international à des permis d’exportation à condition qu’il ne porte pas atteinte à la survie des animaux dans la nature. Les délégués ont reconnu pour la première fois que le commerce de peaux, cornes, sabots et os de girafes constituait une menace pour la survie de l’espèce, dont la population a décliné en Afrique d’environ 40% en trente ans.

– Batraciens et tortues –

Ils ont aussi quasiment interdit le commerce international d’éléphants sauvages d’Afrique pour les mettre en captivité dans des zoos ou des parcs de loisirs. Le Zimbabwe, qui selon des ONG vend des éléphanteaux à la Chine, a tenté, en vain, de contrer le vote en séance plénière mardi en invoquant un article de la Convention, ce qui ne s’était jamais vu. La CITES a aussi refusé d’autoriser la vente de stocks d’ivoire. Le commerce international est strictement interdit depuis 1989 pour protéger les éléphants, victimes de braconnage.

Fiche sur la girafe (AFP).

Le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, dont le pays traverse une grave crise économique, a dénoncé ces décisions via le quotidien d’Etat The Herald. « Le sort de nos animaux sauvages est discuté à Genève, un endroit sans rapport avec eux », s’est-il insurgé. La Tanzanie, qui s’exprimait au nom de dix pays, dont le Zimbabwe, le Botswana et l’Afrique du Sud, a déclaré que « le temps est venu de sérieusement considérer si notre appartenance à la CITES présente des avantages significatifs ». Cette option constitue « une grande inquiétude pour moi », a reconnu Yvonne Higuero. « Partir n’est pas une solution », a-t-elle ajouté. Si des pays se retirent de la CITES, ils doivent toujours remplir des obligations pour commercialiser des espèces à l’international. « Ce qu’ils n’ont pas c’est une chaise autour de la table » des négociations, a relevé Craig Hoover, président d’une des commissions. « Il est dommage de brandir la menace de partir » de la CITES, a commenté à l’AFP le Gabon, membre d’une coalition pour l’éléphant d’Afrique. Côté espèces marines, 18  espèces de raies et de requins et trois de concombres de mer ont fait leur entrée à l’annexe II, marquant un renforcement de la protection des espèces marines dont certaines, comme les requins makos, représentent de grands enjeux commerciaux. La CITES a aussi renforcé la protection de deux espèces de loutres d’Asie, la loutre cendrée et la loutre à pelage lisse, très prisées au Japon comme animaux de compagnie, en interdisant tout commerce international. 

Panneau publicitaire pour un « café à loutres » dans un quartier de Tokyo, le 21 août 2019. La CITES a décidé d’interdire le commerce de la loutre cendrée, très prisée au Japon.

Elle a mis la pression sur le Mexique pour mieux protéger le vaquita, le plus petit marsouin au monde, dont il ne resterait qu’une dizaine de représentants, n’excluant pas des sanctions si rien de plus n’est fait d’ici un an. Les batraciens, reptiles, tortues, ou encore les arbres n’ont pas été oubliés. Une proposition pour inscrire le mammouth laineux à l’annexe II, liée à son ivoire, a en revanche été retirée. Les ONG ont salué les résultats de cette COP, Robin des Bois parlant d’un bilan « positif » et le WWF « d’implications significatives pour l’avenir de milliers d’espèces ». « Les espèces ont reçu la protection commerciale nécessaire », a commenté Susan Lieberman, de Wildlife Conservation Society. Mais l’inscription de nouvelles espèces reste « une victoire amère », a-t-elle relevé.

(ARCHIVES) Un requin mako pêché au large de Monaco présenté à l’exposition « Requins » au Musée océanographique de Monaco, en juin 2013. La CITES a voté de protéger cette espèce menacée par la surpêche.