New York (© 2024 Afriquinfos)- L’ONU a fustigé ce lundi 19 août 2024, les violences « inadmissibles » qui se banalisent contre les travailleurs humanitaires. Au total, 280 humanitaires ont été tués dans le monde en 2023, un record qui risque d’être battu en cette année 2024.
Sur le continent, le Soudan du Sud, frappé par des violences civiles et intercommunautaires, et le Soudan, où une guerre entre deux généraux rivaux fait rage depuis avril 2023, sont les deux autres conflits les plus meurtriers pour les humanitaires, avec respectivement 34 et 25 morts, indique un rapport des Nations Unies publié à l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire.
En outre, les «niveaux extrêmes de violence» au Soudan et au Soudan du Sud ont contribué à augmenter le nombre de morts en 2023 et 2024.
Au Soudan du Sud par exemple, 267 incidents liés à l’accès humanitaire ont été signalés entre janvier et juillet, dont 135 impliquant des violences directes à l’encontre du personnel et des biens humanitaires, y compris 28 incidents de pillage et de vol. L’escalade de l’insécurité a contraint 15 membres du personnel humanitaire à quitter leur zone d’activité.
Figurent aussi dans le top 10, Israël et la Syrie (sept morts chacun), l’Éthiopie et l’Ukraine (six morts chacun), la Somalie (cinq), et le Myanmar (quatre). En République démocratique du Congo (RDC), cette commémoration revêt une signification particulière, en raison de l’escalade des attaques contre les populations civiles et les acteurs humanitaires, notamment dans l’Est de ce pays de la région des Grands Lacs.
Selon l’OCHA, six travailleurs humanitaires ont été tués et 11 enlevés entre janvier et juin de cette année, avec plus de 200 incidents ayant directement ciblé les humanitaires sur le terrain. «Le souvenir de nos deux collègues tués le 30 juin dernier lors de l’incendie d’un convoi humanitaire par des groupes de jeunes armés à Butembo est encore vif dans nos esprits », a d’ailleurs rappelé, Bruno Lemarquis, Coordonnateur humanitaire de l’ONU en RDC, rappelant que quatre humanitaires ont été tués en 2023.
Dans tous ces conflits, la plupart des personnes tuées étaient des employés nationaux. Par ailleurs, de nombreux travailleurs humanitaires sont toujours détenus au Yémen. Si le nombre d’humanitaires tués atteint des records, la base de données montre en revanche une diminution du nombre de travailleurs kidnappés en 2023, avec 91 enlèvements. Un chiffre au plus bas depuis cinq ans après le record de 2022 (185).
Si les 280 tués de 2023 représentent déjà un nombre « scandaleux », « 2024 pourrait bien être sur la voie d’une issue encore plus meurtrière », s’alarme l’ONU. Selon Aid Worker Security Database, 176 humanitaires ont été tués entre le 1ᵉʳ janvier et le 9 août 2024 (dont 121 dans les territoires palestiniens), un chiffre déjà plus élevé que la plupart des années complètes précédentes (le précédent record datait de 2013 avec 159 morts).
« La normalisation de la violence contre les travailleurs humanitaires et le fait que personne ne rende de comptes sont inacceptables, inadmissibles et extrêmement dangereux pour les opérations humanitaires, partout« , a dénoncé Joyce Msuya, cheffe par intérim du bureau humanitaire de l’ONU (Ocha), à l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire.
Appel à la protection dans une lettre commune
Dans ce contexte, les responsables de plusieurs organisations humanitaires vont envoyer ce lundi une lettre commune aux États membres de l’ONU, réclamant « la fin des attaques contre les civils, la protection de tous les humanitaires et que les responsables rendent des comptes« , ajoute l’Ocha, appelant le public à se joindre à cette campagne sur les réseaux sociaux sous le hashtag #ActforHumanity.
Instaurée par les Nations unies en 2008, la Journée mondiale de l’aide humanitaire est marquée chaque année le 19 août pour commémorer l’anniversaire de l’attentat contre le siège des Nations unies en Irak en 2003, qui a coûté la vie à 22 personnes. Axée chaque année sur un thème différent, la Journée mondiale de l’aide humanitaire 2024 met l’accent sur la lutte contre la normalisation des attaques contre les acteurs humanitaires, les souffrances des civils et l’impunité au regard du droit international humanitaire.
Afriquinfos