Peu de médias togolais sont revenus sur les propos d’Emmanuel Adebayor, après le match Togo-Burkina Faso. Dans les vestiaires, le joueur de Tottenham a sans détours rabroué ses coéquipiers, en se fondant sur le résultat de cette rencontre : 0-3 en faveur des Etalons. « Plusieurs cadres des Etalons dont Jonathan Pitroipa n’étaient pas de la partie, mais nous avons quand même essuyé une cuisante défaite (…) On ne se vêtit pas des couleurs nationales parce que l’on en a l’envie. Je suis désolé, mais avec l’équipe nationale, il faut se donner à 100%. Quand vous savez que vous n’êtes pas à même de donner le meilleur de vous-même durant une rencontre officielle avec les Eperviers, ne répondez pas à la convocationde l’encadrement », a sèchement lâché Adebayor, sur des images rapportées par Tvt (Télévision nationale). Le sélectionneur Français du Togo, Didier Six, en a fait de même, mais en focalisant uniquement son mécontentement sur les mauvais placements tactiques de ses joueurs, placements « récurrents à ses yeux durant toute la rencontre ».
Les joueurs togolais, seuls responsables du résultat du 14 août 2012 ?
Depuis la campagne des éliminatoires combinées de la Can et du Mondial 2006, Shéyi Adebayor joue un rôle cardinal dans le schéma tactique dans l’équipe de son pays, chaque fois qu’il est titularisé. Au point d’en devenir le capitaine attitré à partir de 2007. C’est vraisemblablement en se remettant dans la peau de capitaine et d’un aîné en sélection qu’Emmanuel Adebayor a "publiquement"rappelé ses coéquipiers à l’ordre, à quelques semaines du double match décisif (aller et retour) du Togo contre le Gabon. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre du dernier tour des éliminatoires de la Can 2013, avec comme phase retour à Lomé, en octobre 2012.
La sortie du 14 août du « Ballon d’or africain 2008 » a le mérite de rappeler à l’effectif togolais qu’il a encore du pain sur la planche pour atteindre le haut niveau en Afrique. A ce titre, l’ex Monégasque force indirectement la main à ses jeunes coéquipiers à donner le meilleur d’eux-mêmes. Toutefois, au même moment, ces "mises au point" de l’ancien Gunner peuvent ringardiser les jeunes Eperviers. De l’annonce de sa retraite internationale le 12 avril 2010 à son premier retour en sélection le 15 novembre 2011, l’actuel sociétaire des Spurs n’a disputé que deux matches officiels avec son pays. Insuffisant pour prétendre, au haut niveau, créer des automatismes de bon aloi avec le reste de la sélection composée aujourd’hui en grande partie de nouveaux venus.
En l’absence d’Emmanuel Adebayor, ces "néophytes" ont tenu depuis 2010 la baraque, en s’efforçant de sauvegarder à leur manière le miroir du foot togolais, sa sélection-fanion. Même s’ils doivent encore remettre de l’ouvrage sur le métier pour devenir d’excellents compétiteurs, ils ont, avec panache, réussi à décrocher une qualification difficile pour la phase III des éliminatoires de la Can 2013, devant une solide équipe du Kenya, en juin dernier, à Lomé.
Sans Adebayor, un nouveau squelette des Eperviers s’est donc formé, en dépit des nombreuses approximations avec lesquelles la Ftf (Fédération togolaise) prépare les rencontres de ses sélections. Le professionnalisme du haut niveau aurait donc voulu qu’Adebayor parlât aussi "publiquement", le 14 août dernier, de tous ces paramètres. Lui Shéyi qui se veut bon patriote et qui a, à maintes reprises, redit ces derniers mois qu’il ne regagnera de nouveau le nid des Eperviers que « lorsque cette équipe sera mieux gérée et organisée » ! Jusqu’à preuve du contraire, nous ne sommes pas encore près de rentrer dans cette ère d’une gestion rigoureuse des sorties des sélections du Togo. Aucune préparation sérieuse n’a été faite du match perdu contre les Etalons, et la Ftf qui communique très peu est pour l’heure évasive autour des sérieux préparatifs des matches de septembre et d’octobre contre les panthères gabonaises.
Le silence des "néophytes" précités devant les remontrances d’Adebayor le 14 août dernier constitue déjà en lui-même une victoire. Tous ceux qui professent aimer et défendre les couleurs des Eperviers gagneront donc à s’attaquer à la racine des maux du football local, au lieu de s’en prendre à de jeunes professionnels qui n’ont commis que le crime de se sacrifier pour leur pays, dans des conditions peu enviables.
Afriquinfos