Brazzaville (© Afriquinfos 2017)- Douze pays africains (en dehors du Congo et de certains pays fondateurs du Fonds -Angola, Burundi, Cameroun, Tchad, Gabon, Guinée équatoriale, Maroc, Rwanda, RDC, Tanzanie et Zambie) ont lancé le 9 mars 2017, le «Fonds bleu pour le bassin du Congo». L’initiative, portée par le président du Congo, Denis Sassou Nguesso, est l’un des grands projets pour un développement durable en Afrique présentés lors de la COP 22 de Marrakech, fin 2015. Elle vise également à préserver les forêts du bassin du Congo, deuxième «poumon écologique» de la planète.
Les pays signataires de cette initiative dont le Maroc s’engagent à œuvrer pour la conservation et la gestion durable des écosystèmes forestiers et fluviaux du bassin du Congo, deuxième «poumon vert» du monde après l’Amazonie. Le «Fonds bleu pour le bassin du Congo» prévoit entre autres, le financement de projets portant sur l’amélioration des 25.000 kilomètres de voies navigables, la construction de barrages hydro-électriques, le changement des mauvaises pratiques de pêche, le développement de l’écotourisme, l’irrigation pour l’agriculture.
Les pays initiateurs de ce projet innovant misent sur des subventions financières annuelles renouvelables de 100 millions d’euros, fournies par la contribution volontaire des pays signataires, de donateurs privés ou de bailleurs de fonds. Selon Jean-Yves Olivier, président de la «Fondation Brazzaville pour la paix et la préservation de l’environnement», ces projets écologiques ont pour but «de redéfinir les bases de l’économie de la région du bassin du Congo, qui représente à lui seul 220 millions d’hectares, en passant de l’exploitation des forêts à un développement durable et innovant autour des eaux du [fleuve] Congo et de ses affluents». Aussi, «l’or bleu» plutôt que «l’or vert» va-t-il permettre de réduire la déforestation et la dégradation écologique du bassin.
De son côté, Rosalie Matondo, ministre de l’Economie forestière du Congo, appelle à vite réagir. Car, si rien n’est fait, deux tiers des forêts du bassin du Congo pourraient être perdus d’ici 2040 ! En cause, notamment, l’exploitation abusive de matières premières telles que le bois, le diamant, l’or et les métaux rares. Cependant, «Greenpeace Afrique» émet des réserves et n’a pas encore fait de commentaires à propos du lancement de ce Fonds bleu.
L’ONG internationale reste sceptique par rapport aux affirmations officielles qui se satisfont des différentes initiatives qui auraient permis au bassin du Congo d’avoir un taux de déforestation très faible, soit 0,2 %. «Certes, le taux général de déforestation dans le bassin du Congo est encore bas, mais en le comparant à des régions comme l’Amazonie et l’Indonésie, on se rend compte que le bassin du Congo est le seul bassin de forêts tropicales dans le monde où le taux annuel de variation de déforestation tend à la hausse», indique Raoul Monsembula, coordonnateur national de Greenpeace en République démocratique du Congo (RDC).
Anani GALLEY