Encore des morts gratuites orchestrées par l’armée nigériane?

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L’armée nigériane a rejeté vendredi dernier ces accusations, affirmant de son côté que les indépendantistes pro-Biafra étaient armés et qu’ils ont perpétré des «destructions injustifiées» et «un nombre inimaginable d’atrocités» lors de cette manifestation.

La  police soutient que 10 personnes ont été tuées: 5 dans la ville d’Onitsha, dans l’Etat d’Anambra, et 5 dans la ville d’Asaba, dans l’Etat voisin de Delta, dans le sud-est du Nigeria – au cours de violences liées à ces commémorations, lundi 30 mai.

Le mouvement Peuple indigène du Biafra (IPOB), un groupe indépendantiste à l’origine de ces commémorations, soutient de son côté qu’au moins 35 de ses membres ont été tués à Onitsha.

Au cours de visites dans des hôpitaux et des morgues, Amnesty a établi un bilan de 17 morts et 50 blessés à Onitsha, mais «le chiffre réel est sans doute plus important», prévient l’organisation de défense des droits de l’homme dans un communiqué.

Certains morts et des blessés ont reçu une balle dans le dos, ce qui indique qu’ils étaient en train de fuir au moment où ils ont été atteints, a souligné Amnesty. «Ouvrir le feu sur des sympathisants de l’IPOB, qui ne représentaient une menace pour personne, démontre d’un usage scandaleux, excessif et inutile de la force», a dénoncé le directeur d’Amnesty pour le Nigeria, MK Ibrahim.

Amnesty  «calomnie» l’armée nigériane selon le Colonel Ha Gombo 

Lors des manifestations du 30 mai 2016, les sympathisants de l’IPOB commémoraient le 49e anniversaire de la déclaration d’indépendance du Biafra, qui a conduit à cette guerre où près d’un million de personnes ont péri en trois ans.

Amnesty dit avoir parlé à 32 témoins oculaires à Onitsha. L’organisation ajoute n’avoir recueilli «aucune preuve » que les exécutions des forces de l’ordre ont été réalisées en état de légitime défense.

De son côté, le porte-parole de l’armée nigériane, le colonel Ha Gambo, affirme que deux policiers ont été tués à Onitsha, que plusieurs soldats ont été blessés par les manifestants, et qu’un véhicule de police a été brûlé, dans une note transmis à l’AFP. Le colonel Gambo accuse les manifestants d’avoir utilisé «des armes à feu, ainsi que d’autres armes rudimentaires et des cocktails Molotov, à base d’acides et de dynamite».

L’enquête d’Amnesty est une «campagne de calomnie» contre l’armée nigériane, selon M. Gambo. Ce rapport fait écho aux accusations de l’IPOB contre les forces de l’ordre, lors de précédentes manifestations, entre novembre 2015 et février dernier.

Des membres de l’IPOB ont affirmé à l’AFP le mois dernier que des manifestants avaient été tués et jetés dans des fosses communes, et que d’autres avaient disparu. Les forces de l’ordre ont aussi été accusées d’avoir voulu dissimuler un charnier et d’avoir gardé des gens au secret dans la ville de Zaria, dans le nord, où la répression d’une manifestation de la communauté chiite aurait fait au moins 350 morts il y a quelques mois.

Bella EDITH