Le Président nigérian Bola Tinubu a signé ce 26 juin 2025 quatre nouveaux projets de loi fiscale, entérinant une réforme attendue depuis longtemps afin d’améliorer les recettes du pays qui connaît depuis deux ans sa plus grave crise économique depuis une génération.
Le Nigeria, pays le plus peuplé du continent (plus de 220 millions d’habitants), a un ratio impôts/PIB de 13,5%, inférieur à la moyenne africaine de 16%, ce qui signifie qu’une grande partie de la population active nigériane ne paye pas d’impôts. Le Gouvernement affirme que cette réforme, qui entrera définitivement en vigueur à compter du 1er janvier 2026, permettra d' »harmoniser » les prélèvements à l’échelle nationale.

« Depuis trop longtemps, notre système fiscal est un patchwork complexe, inéquitable et lourd », a déclaré M. Tinubu sur les réseaux sociaux avant la signature, promettant un allègement pour les Nigérians pauvres et issus de la classe ouvrière. Les réformes précédentes du Président, qui ont réduit les coûteuses subventions sur les carburants et libéralisé le taux de change du naira, ont été saluées par les économistes, qui estimaient que ces mesures étaient attendues depuis longtemps. Mais elles ont également provoqué une inflation massive et une crise du coût de la vie.
Les quatre nouvelles lois, déjà votées par le Parlement nigérian, constituent un système « à guichet unique pour la génération de recettes » pour le pays et réduisent la charge fiscale des personnes à faibles revenus tout en élargissant la base de contribuables, a déclaré à l’AFP Chukwuemeka Eze, un expert fiscal. Ces lois marquent la première refonte du régime fiscal du pays depuis des décennies.
L’économiste Kelvin Emmanuel, basé à Abuja, la capitale, a déclaré que les nouvelles réformes seraient essentielles pour augmenter le ratio impôts/PIB, un défi pour de nombreux pays africains où des millions de personnes travaillent dans le secteur informel. Le nouveau régime rationalise également la perception des impôts et réorganise le partage des recettes entre le Gouvernement fédéral et les États, sans toutefois bouleverser complètement le système qui permet aux États les plus pauvres, principalement situés dans le nord, de bénéficier des fonds versés au budget national par le sud, riche en pétrole.
Le Gouvernement espère que ces réformes réduiront le coût des activités commerciales pour les entreprises nationales et étrangères opérant dans cette puissance économique de l’Afrique de l’Ouest, dont l’économie est passée de la première à la quatrième place en Afrique, sous les réformes de Tinubu.
Toutefois, certains experts fiscaux ont déclaré que ces réformes n’auraient que peu d’effet si le gouvernement, dont l’image a été ternie par des décennies de corruption, n’était pas en mesure de dépenser efficacement les fonds. « La question est de savoir dans quelle mesure ils gèrent de manière efficace et prudente les recettes fiscales actuelles », a déclaré Nongomin Joshua, expert comptable de Nongomin & Co, Practitioners.
« Elles renforceront également l’Administration fiscale des collectivités locales au Nigeria, car le nouveau cadre vise à créer un cadre de gouvernance complet pour les collectivités locales en matière d’autonomie », a-t-il déclaré à l’AFP.
© Afriquinfos & Agence France-Presse