A écouter Rwanda : L’attentat du 6 avril 1994

Afriquinfos Editeur
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Rwanda : l'attentat du 6 avril 1994 (1) CLIQUER

Une heure. Une heure seulement ! Il n’a pas fallu attendre plus d’une heure après l’attentat contre le président rwandais Habyarimana pour voir les tueurs envahir les rues de Kigali et commencer à massacrer. Et pour les observateurs les plus lucides, il est évident que le génocide des Tutsi était programmé, déjà organisé, et que l’attaque contre l’avion du chef d’état rwandais a été une sorte de signal invitant les tueurs à passer à l’action.

Il est donc essentiel d’essayer de déterminer qui, le 6 avril 1994, a perpétré cet attentat, coup d’envoi d’un massacre qui va faire près d’un million de victimes en peu de semaines…

Curieusement, c’est la justice française qui a été chargée de faire la lumière sur ce point. Parce qu’en 1997, des familles de l’équipage français du Falcon présidentiel ont porté plainte à Paris. C’est le début d’une instruction judiciaire d’abord chaotique et souvent partiale qui s’est éternisée jusqu’à aujourd’hui. Mais qui, enfin, sous l’impulsion d’un magistrat déterminé, pourrait bien déboucher sur la vérité.

J’ajoute, avant de donner la parole à Monsieur X, que ce parcours judiciaire a été ponctué de nombreuses tentatives de désinformation et qu’un certain nombre de faits demeurent inexplicables sinon mystérieux. Enfin, il faut souligner combien la France a été impliquée dans cette histoire rwandaise…

Rwanda : le drame de Bisesero (2) CLIQUER

Silence dans les rangs ! Telle semble être en effet la consigne qui a été donnée aux militaires français qui ont participé au Rwanda àl’opération « Turquoise ». Il s’agissait pourtant en principe d’une mission humanitaire destinée à venir au secours des populations rwandaises à l’issue du terrible génocide qui a ensanglanté ce petit pays du centre de l’Afrique… Presque un million de victimes, je vous le rappelle.

« Turquoise », qui avait reçu l’aval de l’Organisation des Nations Unies, était donc une opération louable… Mais son principal objectif n’était-il pas de faire oublier les complaisances coupables de notre pays à l’égard des génocidaires, c'est-à-dire de l’armée régulière rwandaise et des milices hutu formées et entraînées par des militaires français avant les massacres du printemps ? La question mérite d’être posée. Monsieur X y revient largement. De la même façon, alors que la guerre entre l’armée tutsi du FPR et les forces gouvernementales n’était pas terminée, n’y avait-il pas aussi la tentative de s’interposer entre les belligérants, c'est-à-dire en réalité de venir au secours de nos alliés de toujours, les Hutu, qui se trouvaient en difficulté ?

Cependant, d’autres ombres planent sur l’exécution même de« Turquoise », fin juin 1994. Dans la montagne de Bisesero, près du lac Kivu, les officiers français ont-il failli en laissant se perpétrer un nouveau massacre de Tutsi ? Bref, ont-ils commis une bavure criminelle en se rendant complices des tueurs hutu ? Ou, au minimum, ne peuvent-ils être accusés de non-assistance à population en danger ?

Avant d’écouter Monsieur X, je vous signale la parution très récente d’une remarquable enquête de ma consœur de France-Culture, Laure de Vulpian, "Silence Turquoise."