«Le problème d'utiliser des prêts pour aider des pays pauvres tient au fait qu'ils doivent rembourser le moindre centime même si leur situation s'aggrave », explique David Roodman, conseiller indépendant sur le développement.
Un problème qui nécessite que le FMI s'éloigne de son fonctionnement traditionnel qui consiste à prêter à un pays en difficulté et à exiger un remboursement intégral, estiment les membres de la G20.
Le FMI se retrouve donc pressé de toutes parts d'alléger la dette des trois pays africains les plus touchés par Ebola.
Selon les différents groupements de santé et de lutte pour les droits humains, un allègement de dette du FMI permettrait d'épauler les pays victimes d'Ebola en évitant de les étrangler financièrement avec des prêts, même ceux à taux zéro.
Appels de part et d’autre
En 204, la Sierra Leone et la Guinée ont dû continuer à honorer leurs échéances financières vis-à-vis du FMI malgré la crise Ebola, publie le site internet de l'institution.
Ces appels à la clémence budgétaire ne se limitent donc pas aux ONG de lutte contre la pauvreté. Une commission de l'ONU a estimé dans en décembre dernier qu'une « annulation de la dette de la Guinée, de la Sierra Leone et du Liberia devrait être « sérieusement envisagée », pour leur permettre de souffler un tant soit peu.
Les Etats-Unis sont également montés au créneau en exhortant le Fonds monétaire international à effacer près d'un cinquième de la dette que ces trois pays, tous sous perfusion financière du FMI, doivent à l'institution. Ces fonds sont estimés au total à plus de 480 millions de dollars.
Une telle mesure permettrait de « libérer des ressources pour faire redémarrer l'activité dans la région, où l'épidémie a fait plus de 7.800 morts » justifie le secrétaire américain au Trésor, Jacob Lew, dont le pays est le premier actionnaire du FMI.
De son côté, la Banque mondiale dit avoir mobilisé 500 millions de dollars d'aide sous forme de dons « qui n'auront jamais à être repayés ».
L'enjeu n'est toutefois pas mince pour les pays bénéficiaires. « Le grand mérite d'une aide financière via un allègement de dette est qu'elle permet des investissements sur le long terme dans les systèmes de santé et dans la prévention des maladies », déclare Eric Le Compte, directeur exécutif de Jubilee USA, une organisation de lutte contre la pauvreté, cité par l’AFP.
Selon un porte parole du FMI, des modalités précises font actuellement l’objet d'une intense réflexion au Fonds, qui pourrait déboucher sur une proposition concrète en janvier prochain.
Une mesure qui pourrait permettre à l’institution, dont les cures d'austérité des années 80-90 sont accusées d'avoir mis à plat les systèmes de santé en Afrique de l'ouest, favorisant la propagation actuelle d'Ebola, de se racheter.
Ces accusations émanant d'une récente étude menée par trois établissements britanniques ont été rejetées par le Fonds qui a parlé d’un «malentendu» .
Après le tremblement de terre d'Haïti de 2010, le Fonds avait créé un mécanisme de gestion des catastrophes naturelles qui lui avait permis d'annuler 268 millions de dollars de dette que lui devait ce pays des Caraïbes.
L. Agbenou