Droits de l’Homme: Pays africains dans lesquels il y a péril en 2024 (Amnesty)

Afriquinfos Editeur
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Londres (© 2024 Afriquinfos)- Le rapport annuel 2023 d’Amnesty international sur la situation des droits humains dans le monde est sombre, notamment sur le continent.

Au Soudan, le regain de violence était représentatif de l’immense souffrance des civil·e·s pris dans des conflits armés dans la région et du mépris total des parties aux conflits à l’égard du droit international humanitaire. Les informations faisant état de nombreuses victimes civiles étaient fréquentes et choquantes, en particulier compte tenu de l’ampleur des attaques ciblées et aveugles.

Au Soudan, la souffrance des civils pris dans des conflits armés, ainsi que le mépris des parties en conflit envers le droit international humanitaire. Les violences sexuelles ont été un élément caractéristique des conflits armés en Afrique, et critiquer les autorités était dangereux dans de nombreux pays. Des défenseurs des droits humains et des journalistes ont été réprimés violemment. Des homicides de défenseurs des droits humains et de journalistes ont marqué une période sombre pour le mouvement des droits humains.

Des facteurs tels que l’inflation, la corruption, le changement climatique et les conflits ont créé des conditions de vie insoutenables pour des millions de personnes en Afrique. Les conflits armés et les phénomènes météorologiques extrêmes ont entraîné le déplacement de millions de personnes. La discrimination et les violences basées sur le genre étaient solidement enracinées, et les attaques homophobes se sont intensifiées.

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Les États africains sont restés sourds aux appels à lutter contre l’impunité, laissant prospérer les atteintes aux droits humains. Les conflits armés ont eu des effets dévastateurs sur les civils dans plusieurs pays africains. Des crimes de guerre ont été commis, notamment au Soudan, au Burkina Faso, en RDC, au Mali, au Nigeria, en Somalie, entre autres.

Des violences sexuelles et des violences basées sur le genre ont été perpétrées dans des contextes de conflit, avec des cas de viols, d’enlèvements et d’esclavage sexuel signalés. Des manifestations ont été réprimées violemment dans plusieurs pays africains, entraînant la mort de manifestants.Au Tchad, le ministère de la Sécurité publique a interdit notamment deux événements de protestation organisés par des partis d’opposition.

Liberté d’expression réduite

Dans divers pays africains, des journalistes, défenseurs des droits humains et militants ont été victimes de répression et de harcèlement de la part des autorités. Des cas d’assassinats, d’enlèvements, d’arrestations arbitraires et de condamnations injustes se sont multipliés. Par exemple, Thulani Maseko a été assassiné en Eswatini, Martinez Zogo enlevé au Cameroun, et John Williams Ntwali est décédé dans des circonstances suspectes au Rwanda. Au Soudan du Sud, sept journalistes ont été détenus arbitrairement, tandis qu’en Somalie, un journaliste a été emprisonné pour avoir désobéi aux autorités.

La répression s’est étendue à d’autres pays comme la Tanzanie, où des personnes ont été arrêtées pour avoir critiqué un accord, et au Burundi, où une journaliste a été condamnée à une lourde peine pour des accusations d’atteinte à l’intégrité du territoire national. Des journalistes et défenseurs des droits humains ont été contraints à l’exil dans des pays comme le Mali, la République centrafricaine et le Togo.

La liberté d’association a également été restreinte dans plusieurs pays, avec la suspension des activités des partis politiques au Niger après un coup d’État, et des restrictions aux réunions de campagne en Ouganda. En Angola, un projet de loi sur les ONG a soulevé des inquiétudes quant à une possible limitation de la liberté d’association et à un pouvoir excessif accordé à l’exécutif pour interférer dans leurs activités.

Arrestations et détentions arbitraires, torture et autres mauvais traitements

Les arrestations et détentions arbitraires étaient fréquentes, notamment lors de la dispersion de manifestations. En Éthiopie, un état d’urgence de six mois a été décrété après des affrontements, entraînant la détention de centaines de personnes sans accès à la justice. Au Sénégal, plus de mille personnes ont été arrêtées pour leur participation à des manifestations ou leur lien présumé avec un parti d’opposition. Des personnalités politiques importantes ont également été arrêtées de manière arbitraire dans des pays comme le Botswana, le Burundi, le Niger et le Zimbabwe. Des cas de torture et de mauvais traitements en détention ont été signalés, avec des décès suspects en garde à vue dans plusieurs pays, notamment en Mauritanie et au Nigeria.

Dans plusieurs pays, des exécutions extrajudiciaires, homicides illégaux et disparitions forcées ont été perpétrés pour réprimer l’opposition. Au Burkina Faso, des personnalités de l’opposition ont été enlevées ou arrêtées, notamment le président d’une organisation des éleveurs nomades. Des disparitions forcées ont également été signalées au Burundi, touchant principalement des opposants politiques. En Érythrée, le sort de membres du G-15 et de journalistes reste inconnu. Les États doivent mettre fin au harcèlement de journalistes, défenseurs des droits humains et membres de l’opposition, libérer les détenus arbitraires et garantir la liberté de la presse.

Sur le plan des droits économiques et sociaux, la forte inflation des prix alimentaires a entraîné une insécurité alimentaire alarmante en Afrique. Des pays comme la Sierra Leone, le Soudan du Sud et la Namibie ont été durement touchés. Le changement climatique et les phénomènes météorologiques extrêmes ont exacerbé la crise alimentaire, comme à Madagascar et en Somalie. Les conflits armés ont également contribué à la situation, avec des conséquences graves au Burkina Faso et en Éthiopie. Des mesures ont été prises localement pour contrer l’inflation et assurer un approvisionnement alimentaire stable, mais l’aide internationale reste insuffisante dans de nombreux cas.

Les discours homophobes ont pris de l’ampleur au Botswana, au Cameroun, en Éthiopie, au Kenya, au Malawi et en Tanzanie. Au Botswana et au Malawi, des centaines de manifestant·e·s, soutenus par des groupes religieux et des responsables de l’administration publique, ont protesté contre la dépénalisation des relations sexuelles consenties entre personnes de même sexe.

Au Cameroun, les autorités ont menacé de suspendre les médias qui diffuseraient des « programmes faisant la promotion des pratiques homosexuelles ». En Éthiopie, une campagne contre les personnes LGBTI a été lancée, en ligne et sous d’autres formes, par des influenceurs et influenceuses, des responsables religieux et des artistes en vogue. En Tanzanie, le ministre de l’Éducation a interdit les livres faisant référence aux personnes LGBTI dans les écoles.

Le droit à l’éducation a été gravement compromis dans plusieurs pays en conflit, notamment au Burkina Faso, au Cameroun, au Niger et en RDC. Des milliers d’écoles ont été fermées, entravant l’accès à l’éducation pour des millions d’enfants. Malgré ces défis, des progrès ont été réalisés, tels que le lancement d’un programme d’enseignement primaire gratuit en Zambie et une amélioration des taux de scolarisation en Tanzanie.

En ce qui concerne le droit à la santé, l’accès aux services de santé reste difficile dans de nombreux pays, avec des conséquences tragiques telles que des décès maternels évitables au Ghana et des épidémies de maladies au Congo et au Soudan du Sud.

Les expulsions forcées continuent d’affecter les populations vulnérables, notamment au Bénin, en RDC et en Ouganda, où des personnes ont été déplacées de force pour des projets de développement.

La situation des personnes déplacées, réfugiées et migrantes reste préoccupante, avec des millions de personnes déplacées en RDC, au Soudan et au Niger, et des défis persistants en matière de protection et d’accès à l’asile.

En ce qui concerne les droits des femmes et des filles, des pratiques néfastes telles que les mutilations génitales féminines et les mariages précoces continuent d’être un problème majeur, bien que des progrès aient été réalisés sur le plan législatif dans certains pays.

Enfin, les personnes LGBTI continuent de faire face à la discrimination et à la répression dans plusieurs pays, avec des lois homophobes et des arrestations fréquentes signalées dans des pays comme l’Ouganda, le Kenya et le Burundi.

Sur une note plus positive, la Cour suprême de Namibie a jugé qu’il était possible de régulariser son statut migratoire sur la base d’un mariage conclu à l’étranger avec une Namibienne ou un Namibien de même sexe, et la Cour suprême du Kenya a affirmé le droit à la liberté d’association pour les personnes LGBTI.

Personnes atteintes d’albinisme

Les infractions contre les personnes atteintes d’albinisme ont augmenté au Malawi, avec des tentatives d’enlèvement, des agressions physiques et des profanations de tombes signalées. En Angola, un Plan d’action et de protection des personnes atteintes d’albinisme a été adopté.

Il est crucial pour les États de lutter contre la discrimination et la violence basées sur le genre en s’attaquant à leurs causes profondes et en renforçant la protection des droits des personnes LGBTI.

V.A.