Donald Trump de retour à la Maison Blanche: Ses propos mémorables sur les Etats africains déjà passés à la postérité

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Trump et l'Afrique

Washington (©2024 Afriquinfos)- Et si les Africains n’attendaient rien de la présidentielle américaine, encore qu’elle vient de donner pour vainqueur ce 6 novembre 2024, le Républicain Donald Trump? Le retour de Trump à la Maison Blanche est suivi sur tout le continent africain. Que va changer ce deuxième mandat pour l’Afrique, alors que les mémoires gardent encore fraîchement que le Sieur Trump avait montré peu d’intérêt pour l’Afrique lors de son premier mandat ?

Lors de son premier mandat de 2016 à 2020, Donald Trump n’ a effectué aucune visite officielle sur le continent, contrairement à ses prédécesseurs. Le président Barack Obama lui a visité 7 pays africains, le républicain Georges W. Bush lui en a visité 11.

Celui qui est le 45ème et le 47ème président des Etats-Unis avait entre-autre tenu des propos désobligeants tenus par Donald Trump lors de son premier passage à la Maison Blanche. Il avait alors qualifié Haïti et les nations africaines de ‘’pays de merde’’. Ce qui avait suscité l’indignation sur le continent.

Même les membres de l’administration Trump se sont peu déplacés sur le continent. Son principal secrétaire d’État, Mike Pompeo, n’a effectué qu’un voyage au Sénégal et en Éthiopie, en toute fin du premier mandat de Donald Trump.

Un peu par obligation, disaient certains chercheurs, pour tenter de contrer la concurrence chinoise, notamment économique. Et pourtant, malgré ce manque d’intérêt affiché de Donald Trump, la politique africaine de son administration s’est inscrite dans la continuité. Comme par le passé, il a surtout été question de stimuler l’investissement et  d’accentuer les échanges commerciaux avec l’Afrique. D’ailleurs durant sa présidence, Donald Trump a maintenu les budgets alloués à l’Afrique.

La continuité aura été également sur le plan sécuritaire, où l’administration Trump a maintenu son soutien à plusieurs pays dans leur lutte contre la menace djihadiste, tout réduisant sensiblement la présence militaire américaine sur le continent.

Des conséquences économiques négatives en Afrique du Sud

Le président sud-africain a félicité Donald Trump, même si ce résultat n’est pas forcément de bon augure pour le pays.  Dans son message, Cyril Ramaphosa espère que la « collaboration étroite et mutuellement bénéfique » entre les deux nations pourra continuer, et souhaite travailler de concert avec le gouvernement américain alors que l’Afrique du Sud puis les Etats-Unis accueilleront le G20 en 2025 et 2026, souligne Rfi.

Cependant, le pays ne garde pas vraiment de bons souvenirs de Donald Trump. Avant son premier mandat, il affirmait sur ses réseaux sociaux que la nation arc-en-ciel était un pays « ravagé par le crime », ou encore un ‘’bazar total et très dangereux’’. Puis, une fois au pouvoir, il a entrepris de dénoncer qu’il appelle la ‘’confiscation des terres aux fermiers blancs’’, surfant sur les théories de génocide des blancs aussi partagées par Elon Musk.

Cela a poussé la présidence sud-africaine à condamner des propos ‘’malheureux et mal informés’’. Cette élection pourrait même avoir des conséquences négatives sur le plan économique, pour l’Afrique du Sud. Le rand, la monnaie sud-africaine, a d’ailleurs connu une baisse significative, ce matin. Et cela pourrait continuer, selon les analystes, en raison de l’incertitude qui entoure les futures politiques de Donald Trump.

Le bras de fer avec la Chine devrait aussi avoir des conséquences, puisque Pékin est le premier partenaire commercial de Pretoria, juste devant Washington. Enfin, le nouveau programme protectionniste de Donald Trump pourrait directement toucher l’Afrique du Sud, mal vue par certains Républicains en raison de ses liens avec les BRICS et de son soutien à la cause palestinienne.

À voir aussi ce que deviendront ses avantages liés à l’AGOA, cet accord qui permet d’exporter des produits africains vers les États-Unis sans droits de douane, et qui profite à des secteurs sud-africains comme le matériel automobile, les produits chimiques, et des produits agricoles comme les agrumes, ou le vin.

Des effets sur l’économie africaine

Le retour de Donald aura des effets négatifs sur le PIB de l’Afrique en raison du protectionnisme du candidat républicain. Le ralentissement de l’économie chinoise qui résulterait des hausses de droits de douane pèserait aussi sur les économies africaines.

Car l’ex-président a promis d’augmenter les droits de douane de 10 % sur toutes les importations américaines. Les économies africaines seront nécessairement affectées par une telle décision, même si la Chine reste l’adversaire prioritaire du candidat républicain.

Seules 6 % des exportations du continent se dirigent vers les Etats-Unis mais dans une étude, Julien Marcilly, chef économiste de Global Sovereign Advisory, juge que plusieurs pays pourraient voir leur PIB amputé par des ventes réduites vers l’Amérique.

Ainsi le Lesotho, qui vend beaucoup d’habillements en coton aux Etats-Unis, pourrait voir sa richesse nationale reculer de 1,6 %, Madagascar, de 0,6%, le Ghana, de 0,4% et l’Afrique du Sud, de 0,3 %. En ce qui concerne les produits, les matières premières telles que le pétrole et les minerais seraient les plus touchés, les véhicules en provenance d’Afrique du Sud ainsi que les habits du Lesotho, de Tunisie et de Madagascar seraient aussi affectés par cette poussée de protectionnisme américain. Mais il s’agit là de l’impact direct. Or, il y aura aussi des effets indirects aux mesures de Trump.

En effet, l’homme d’affaires et ex-star de la télé-réalité entend taxer les exportations chinoises vers les Etats-Unis à hauteur de 60 %. Ce serait un gros problème pour les économies africaines qui vendent une partie non négligeable de leurs matières premières à Pékin. « Les économies africaines exportant vers la Chine pourraient être pénalisées par de moindres débouchés en raison d’une croissance chinoise moins allante », estime ainsi Julien Marcilly.

Au cours des vingt dernières années, la Chine s’est imposée comme le principal partenaire commercial de l’Afrique subsaharienne. Environ un cinquième des exportations de la région est désormais destiné à la Chine, dont environ 60 % sont des minéraux et des combustibles. Grâce à la croissance économique de la Chine qui a nourri sa demande en matières premières, les exportations africaines vers l’empire du Milieu ont plus que quadruplé entre 2000 et 2022. Les économies africaines sont désormais très dépendantes de la croissance chinoise.

‘’Une diminution du PIB chinois de 1 % entraîne un repli de celui de l’Afrique subsaharienne de 0,25 % ‘’, avance le chef économiste de Global Sovereign Advisory. Pour les pays exportateurs de pétrole, la baisse de la croissance dépasse même en moyenne 0,5 %. Le Congo, la République démocratique du Congo, la Guinée, l’Angola, le Gabon, la Sierra Leone et l’Erythrée, sont les plus vulnérables.

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