Les prêtres, les imams, les pasteurs et les médecins nous mettent en garde contre l’abus d’alcool et de drogues. Ils déconseillent formellement la consommation excessive d’amphétamines, que ce soit occasionnellement ou de manière régulière.
Pourtant, la jeunesse africaine semble sourde à ces avertissements et s’adonne sans retenue à ces substances nocives. Le Vody, le Calao et d’autres alcools forts font désormais partie de leur quotidien, consommés sans aucune précaution.
Quant aux drogues dites « douces », elles sont considérées comme inoffensives et banalisées dans l’espace public. Sur scène, Himra et d’autres artistes en featuring exhibent des bouteilles de vodka, de Jack Daniel’s et un peu de cannabis.
Les messages véhiculés glorifient un mode de vie où l’excès devient un signe de réussite et de puissance. On dira il y a eu mai 1968 en France. Les figures influentes ne prêchent plus l’effort ni la discipline, mais l’ivresse et l’oubli comme voies vers le succès.
Et pendant ce temps, l’école ne garantit plus rien, ni un emploi stable, ni la réussite sociale, ni même un avenir. Le diplôme est devenu un simple bout de papier, dépourvu de promesses, incapable d’ouvrir les portes d’un futur meilleur.
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Aujourd’hui, ceux qui réussissent ne sont plus les travailleurs acharnés, mais souvent ceux qui pactisent avec le mal. Le crime organisé, la fraude et l’immoralité semblent offrir plus d’opportunités que la droiture et le mérite. Les codes ont changé : le vice n’a plus besoin de se cacher, il s’impose avec arrogance et assurance. Le problème n’est plus de savoir quand le mal prendra totalement le pouvoir, mais comment il l’a déjà fait.
Il s’est installé partout, il a brisé les anciennes barrières morales et s’avance sans résistance dans nos sociétés. Alors pourquoi ressentons-nous cette peur, cette angoisse profonde qui semble remonter aux temps les plus anciens ?
Pourquoi avons-nous la sensation que quelque chose d’irréversible est en train de se produire sous nos yeux ?
La fin du monde ne viendra peut-être pas d’un cataclysme, mais d’un effondrement progressif de toutes les valeurs. Le mal est omniprésent, infiltré dans chaque recoin de la société, dictant désormais ses propres lois sans opposition.
Sommes-nous condamnés à le subir, ou avons-nous encore une chance de renverser le cours des choses ?
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ALEX KIPRE, éditeur, écrivain, journaliste