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Djibouti est confronté à la pire crise politique de son histoire suite à la décision de la coalition de l'opposition, l'Union pour le Salut (USN), qui a refusé de reconnaître les résultats des élections législatives du 22 février dernier, de ne pas siéger à l'Assemblée nationale issue de ce scrutin et de mettre en place un parlement parallèle baptisé "Assemblée Nationale Légitime".
Pour le directeur du journal indépendant Googa, M. Abdourazak Ali Diraneh, cette ouverture officielle des négociations entre le pouvoir en place et l'opposition, fait taire à jamais les tambours des prophètes du malheur et démontre une fois de plus que la maturité des politiques djiboutiens qui sont disposés à contourner leurs divergences sur la table des négociations pour l'intérêt suprême de la Nation.
"Rien ne faut la stabilité du pays. Cette histoire de manifestations et de parlement parallèle est très dangereuse pour le pays. Maintenant, il est grand temps d'engager des vrais pourparlers et sortir de cette crise qui n'avait vraiment pas lieu d'être. Vous savez, l'opposition a tenu tête à la majorité au pouvoir. Seules 1.330 voix séparent l'UMP de l'USN à Djibouti- ville, la plus grande circonscription électorale du pays (35 sièges sur 65). Cela devrait inciter l'opposition à croire en la possibilité d'un changement prochain par les urnes", martèle Omar Ali, en troisième année à l'Ecole de Médecine de Djibouti.
Selon Aden Robleh Awaleh, figure emblématique de l'indépendance à Djibouti et président du Parti National Démocratique (PND) qui fait partie de la plateforme de l'opposition, et qui a décidé de siéger personnellement à l'Assemblée Nationale djiboutienne depuis le 18 avril dernier, l'heure d'une vraie dialogue nationale a sonné. "Il faut clore cette mésentente. Il faut aller de l'avant mais plus encore, il faudra rechercher ensemble les voies et moyens possibles afin de mettre en place des règles acceptables par tous afin que les prochaines élections se déroulent de manières plus transparentes. Majorité et opposition doivent oeuvrer ensemble si l'on souhaite relever tous les défis qui attendent notre pays. La mise en place d'un gouvernement d'union nationale semblait être la voie à suivre si l'on veut apaiser notre démocratie et rétablir la concorde sociale", a-t-il dit.
A en croire le secrétaire national du Bureau djiboutien du Mécanisme Africain d'Evaluation par les Pairs (MAEP), M. Abdoulkarim Aden Cher, tout le pays doit soutenir ces négociations parce que les deux parties ont exprimé clairement leur volonté commune à faire des consensus devant la primauté des intérêts supérieurs pour mettre fin à cette impasse politique qui dure depuis plusieurs mois.
"Comme l'a souligné le chef de l'Etat, après le conflit armé de 1991, nous avons déjà trouvé solutions à nos différends sans l' arbitrage de quiconque. Et à l'instar de tous les Djiboutiens, je demeure convaincu qui nous pouvons, seuls et ensemble, trouver aujourd'hui un terrain d'entente pour mettre fin à cette situation qui risque de mettre en péril tout le pays", a-t-il convié à Xinhua.
Ce dialogue politique dont les travaux se poursuivront à partir de samedi prochain à huis clos au ministère djiboutien de l' Intérieur fait suite à la main tendue du président djibouien Ismaïl Omar Guelleh, qui a lancé le 27 juin dernier un appel solennel aux partis de l'opposition afin qu'ils s'assoient à la table des négociations et que, du dialogue politique naisse une solution au tumulte postélectoral.
Le chef de l'Etat avait déjà initié la réforme qui a permis d' introduire une dose de proportionnelle au mode de scrutin afin que les partis politiques de l'opposition puissent, eux aussi, être représentés au Parlement.