« Les ressources du sous-sol ne deviennent des richesses pour un pays que lorsqu’elles sont mises en valeur », c’est le credo du ministère des Mines du Togo qui définit, comme dans nombre d’Etats de l’Afrique de l’ouest, la politique minière et géologique locale à travers son bras armé que constitue la Direction générale des mines et de la géologie.
Avant la période coloniale, les habitants de l’actuelle République togolaise recherchaient et touchaient certes aux mines en vue de la fabrication d’outils rudimentaires comme des objets aratoires, des armes de chasse, de guerre, des bijoux, des objets sacrés. Le fer dans le centre du pays constituait la ressource du sous-sol la plus convoitée, selon des archives historiques et géologiques.
Toutefois, l’exploration minière et géologique n’a véritablement vu le jour en terre togolaise qu’avec l’ère coloniale que connaîtra ce territoire. Dans le domaine de la prospection minière, la première carte géologique établie au Togo a été l’œuvre d’un géologue allemand nommé Koert. Cette quête de connaissances sur les atouts miniers de la « Terre de nos aïeux » (Togo) sera affinée quand elle sera placée sous tutelle de la Sdn (Société des nations) et dépendante de l’administration de la France et de la Grande-Bretagne, au terme de la première guerre mondiale en Afrique. Il faut ainsi mettre à l’actif du géologue français Chermette une série de prospections à travers l’ensemble de la superficie que couvre le Togo, entre 1939 et 42. Mieux, à partir de 1945, un programme de reconnaissance affinée des potentialités minières du Togo est mis en œuvre par le géologue Aicard qui s’est donné la tâche d’explorer la totalité du territoire minier national.
Selon la documentation du ministère des Mines du Togo, jusque dans les années 1970, les travaux du chercheur Aicard resteront comme la référence majeure en matière géologique sur la « Terre de nos aïeux ». Dans cette course effrénée pour la mise en lumière des potentialités du sous-sol togolais, une équipe française conduite par Léon Visse, pour le compte du Comptoir des phosphates de l’Afrique du nord, a découvert en 1952 dans la région d’Akoumakpé (sud-Togo), les phosphates qui constituent aujourd’hui la principale richesse exportée du sous-sol togolais. Tous ces travaux ont été complétés par des spécialistes locaux des mines, au lendemain de l’accession à la souveraineté internationale de ce pays ouest-africain.
Des balises pour l’investissement minier
Aux dires de la documentation du ministère en charge des ressources Minières du Togo, sur une superficie de 56.600 km², plus de 40.000 km² ont été couverts par une prospection « géochimique stratégique », même s’il reste encore d’importants efforts à déployer pour affiner la découverte des richesses du sous-sol dans certains endroits du territoire togolais. Environ 240 sites considérés comme des zones minières ont été recensées au terme des séries de prospections orchestrées au Togo. Grosso modo, il s’agit de 150 sites aurifères, 70 sites de polymétalliques (zinc, plomb, cuivre, étain, tungstène, molybdène), 5 sites pour les phosphates.
Cependant, seulement une trentaine de ces sites ont à ce jour fait l’objet d’études approfondies par les services locaux des mines pour une exploitation économique. Parmi ces potentialités devant générer des devises au Togo quand elles seront soumises à une exploitation idoine, on distingue des ressources métallifères comme le fer, le manganèse, la chromite et la bauxite.
Estimées à 500 millions de tonnes, les réserves de minerai de fer du Togo (essentiellement dans la région de Bassar, centre-Togo), de l’avis des chercheurs, devraient idéalement servir dans la production locale et exportable du fer à béton. Evaluées seulement à 1 million de tonnes, les potentialités en bauxite du Togo (basées dans le mont Agou, sud-Togo) sont destinées, selon des prévisions, à la fabrication de briques réfractaires et en ajout aux argiles kaoliniques qui servent idéalement en matière de décoration.
Au titre des ressources non métallifères (dolomies, calcaires, argiles industrielles, tourbe, pierres ornementales) dont regorge le Togo et qui focalisent l’attention des autorités, on distingue principalement les phosphates dont ce pays constitue l’un des principaux producteurs en Afrique. Découverts en 1952, l’exploitation des gisements de phosphates au Togo (estimés à des centaines de millions de tonnes) a débuté en 1962. Cette ressource se concentre essentiellement dans le bassin sédimentaire côtier (sud-Togo).
Les réserves en dolomie et en calcaire se répartissent pour leur part respectivement sur l’ensemble du territoire togolais (sud au nord) et dans le sud-Togo (dans le bassin sédimentaire côtier). En dehors de la production du ciment et de marbre à laquelle sert déjà le calcaire togolais, des recherches sérieuses tablent aussi sur la fabrication de chaux à l’échelle industrielle qui sera écoulée dans la sous-région ouest-africaine.
Pour ce qui est des argiles industrielles, elles comprennent des composantes comme les argiles kaoliniques, les argiles à illite et à attapulgite et bentonite. Des études approfondies ont démontré que les argiles kaoliniques (basées au sud-Togo et évaluées à près de 130 millions de tonnes) peuvent servir à la production de tuiles et de carreaux de revêtement de sol. Il en est de même pour les argiles à illite (situées principalement dans la région de Bassar) dont les réserves sont illimitées.
Argiles industrielles exploitées pour leurs propriétés absorbantes et décolorantes, les attapulgites et bentonites sont évaluées de l’ordre de 20 à 300 millions dans le sous-sol de la République du Togo (dans le bassin sédimentaire côtier). Une autre piste d’utilisation des attapulgites et bentonites est le secteur de la fabrication des boues de forages pétroliers, pesticides et produits pharmaceutiques.
Les richesses minières du Togo à même de lui générer d’énormes retours sur investissements, ce sont également les pierres ornementales (utilisées dans la décoration) qui reposent sur l’exploitation de deux sites importants de marbre dolomitique à Gnaoulou et à Pagala (nord-Togo), de même qu’une douzaine de gisements répartie sur l’ensemble du territoire. Des études sérieuses ont mis en exergue des potentialités de commercialisation de ces ressources à l’échelle sous-régionale et internationale, sur la base d’une meilleure promotion de ces potentialités minières.
Des travaux exhaustifs ont par ailleurs dénombré au Togo des ressources minérales telles que le sable à verre, le disthène, le talc (dont les propriétés sont utilisables en céramique et en sculpture), les grenats et la barytine. Toutes sont ces richesses sont encadrées soigneusement par un Code minier entré en vigueur depuis 1996. L’importance de ce Code est consacrée entre autres par l’indispensable autorisation présidentielle (permis d’exploitation) à décrocher pour exploiter à grande échelle une mine togolaise, avec des investissements égaux ou supérieurs à 300 millions de fcfa, sur une période de 20 ans.
Edem Gadegbeku