Intervenant le week-end lors de l'Assemblée générale de l'Union des magistrats sénégalais (UMS), la ministre sénégalaise de la Justice, Aminata Touré, a annoncé qu'un projet de loi sera soumis en octobre prochain à l'Assemblée nationale, dans le but d'empêcher les personnes condamnées pour détournement de deniers publics de briguer des mandats électifs pendant 10 ans.
S'entretenant lundi avec des journalistes, Mme Touré a indiqué que cette réforme à venir est "une invite aux politiciens, pour qu' ils sachent qu'il y a des conséquences pénales mais aussi des conséquences en termes de perte de la possibilité d'être réélu ou élu".
Selon elle, la réforme projetée du Code pénal veut corser davantage les sanctions contre les personnes coupables de détournement de deniers publics. "Quand on est élu ou porté à un poste de responsabilité, on a un budget qu'on gère comme on veut. Donc, quand on a affaire à la Justice, il est impensable de vouloir ensuite utiliser ces mêmes deniers publics pour demander les suffrages des citoyens", a expliqué la ministre.
Elle a soutenu que le projet de loi en question "n'a rien à voir avec la politique et c'est une question de bonne gouvernance".
Par rapport à ce projet de réforme, Maître Assane Diome, président de la Ligue sénégalaise des droits de l'homme(LDSH) estime que cela va "éveiller un certain nombre de soupçons concernant une volonté d'écarter de potentiels adversaires".
"On se demande pourquoi se focaliser sur le détournement de deniers publics, alors qu'il y a la drogue qui est aussi infamante quand on est condamné. Le problème du contexte se pose : pourquoi attendre cette période où des membres du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition) sont visés par une procédure de présomption de détournement de deniers publics pour agiter cette loi?" s'est-il interrogé le président de la LSDH.
Des membres du PDS dont le fils de l'ancien président Abdoulaye Wade, Karim Wade a été inculpé dans le cadre de la traque des biens mal acquis par l'actuel régime.