Désertions d’Africains à Nice 2013 : Signaux forts et alarmants lancés aux dirigeants du Nord et du Sud

Afriquinfos Editeur
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Depuis le début des 7èmes Jeux de la Francophonie voici presque une semaine, une vingtaine de compétiteurs d’Afrique ont fui leur délégation sans laisser de traces. Une pratique devenue une règle lorsque le continent noir envoie ses ambassadeurs dans de grandes compétitions internationales. Surtout, quand ces épreuves sportives se déroulent dans des Etats du Nord (en Amériques ou en Europe). Le phénomène n’épargne même plus désormais l’Amérique latine. En l’occurrence les nouvelles puissances de ce continent comme le Brésil, le Mexique, etc.

C’est la preuve que ces sportifs qui se rendent auteurs de fugues ne fondent aucun espoir dans le devenir de leurs disciplines sportives dans leurs pays d’origine. La faute en premier lieu à l’inorganisation criarde de l’administration sportive en Afrique. Surtout au Sud du Sahara. Lorsque des sportifs ont l’ambition de devenir des professionnels de haut niveau dans leur secteur d’activités et qu’on ne leur offre pas les moyens de s’exprimer dans leur pays d’origine, ils n’ont pas d’autres choix que d’opérer des désertions dans des pays leur garantissant un meilleur avenir. La Nature a aussi horreur du vide dans le monde sportif.

Il est certes dommageable pour l’image du continent noir de voir ses fils et filles déserter leurs équipes à la faveur de grand-messes planétaires. Cependant, tant que l’Afrique ne trouvera pas des solutions pérennes et aguichantes aux maux quotidiens dont souffrent ses talents émérites en matière de sport, ils ne se priveront pas d’immigrer clandestinement et à tout prix. «L’homme va vers ou est toujours attiré par les richesses», nous enseigne l’adage.

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C’est aussi le lieu et le moment d’attirer l’attention des responsables consulaires européens ou occidentaux en général sur leur responsabilité dans la survivance de ces fugues sus-décrites. C’est aussi parce que se faire délivrer un « visa Shenghen » en Afrique relève d’un exploit que l’immigration à tous risques des sportifs d’Afrique se fossilise. Alors même que l’inverse est aisé, quand on choisit de visiter le continent noir depuis l’Europe ou les Amériques. Ces dernières années, la fin de non-recevoir en matière de délivrance du visa a même été opposée à des personnalités culturelles africaines de premier plan : le penseur malien Aminata Traoré ou encore la costumière sénégalaise Mame Fagueye Bâ. Le refus de visas à ces Africaines avait en son temps déclenché l’ire de plus d’un Africain sur les réseaux sociaux. Les services consulaires de l’Hexagone en Afrique avaient sans détours été montrés du doigt. Pourtant, c’est l’Afrique qui représente essentiellement l’avenir de la Francophonie sur la planète !

Autant dire que si des services consulaires jouent avec les nerfs avec des Africains habitués aux voyages vers l’Occident, des sportifs lambda d’Afrique qui découvrent le Nord lors de compétitions majeures n’effectueront pas mille calculs avant d’opter pour l’immigration clandestine. Car, rien ne leur assure un nouvel octroi de visa quand sonnera l’heure d’un nouveau come-back professionnel en Occident. Il est à parier, dans ces conditions, que le flux d’immigrés clandestins sportifs, originaires d’Afrique, en direction du Nord ne va pas se tasser de si tôt. Côtoyer un rêve dont la matérialisation est à portée de main est toujours préférable à une vie dans laquelle réaliser ses rêves ou soi-même relève de clins d’œil du hasard.   

 

Afriquinfos

(Par Edem Gadegbeku)