A l’entrée du site, une jeune femme émerge d’une tente, le regard torride. Son nom ? Bahati. « Je ne fais rien, rien d'intéressant », dit-elle, avant de se faire plus précise : « Je me prostitue pour mes deux enfants… Mon tarif se situe entre 2000 et 3000 Fbu (près de 2,5 dollars). Il faut bien manger. »
D’où vient-elle ? Comment est-elle arrivée à Maramvya ? Une longue histoire dramatique sur laquelle Bahati préfère ne pas s’étendre. Le préservatif ? « Cela dépend du partenaire », répond-elle avec beaucoup de franchise, le regard fuyant. « Certains clients ne veulent pas en entendre parler. Que faire ? J’ai une famille à nourrir. » A l’en croire, le dépistage volontaire est une « bonne chose, même si certains de mes voisins estiment encore que le sida est une maladie déshonorante et honteuse. Il faut le dire, si on est séropositif ». « Le passage à l'acte sexuel est précoce par ici », poursuit Bahati.
Une autre femme d’une quarantaine d’années confirme que la délinquance sexuelle est répandue dans le camp. « Il est difficile de l’éviter dans l’extrême promiscuité qui est la nôtre. »
Des jeunes garçons et jeunes filles, précise-t-elle, passent une bonne partie de la journée dans le désoeuvrement. « Beaucoup des femmes ignorent comment on utilise le préservatif, tout comme les maris d’ailleurs ».
Ibrahim Nyandwi, chef d’une des familles du site, raconte les nuits à Maramvya : « Dans nos petites tentes, les enfants dorment avec leurs parents. Ils assistent aux premières loges à nos ébats ! » Le lendemain, ils essaient d'imiter leurs parents. Résultat : le nombre de grossesses non désirées est en augmentation constante dans le camp.
Désiré Yamuremye, père jésuite, dirige l’association «Yezu Mwiza » luttant contre le sida. Il rappelle qu'en 2000, lorsque ces déplacés se trouvaient sur un autre site, 38,4% des personnes dépistées étaient séropositives : « Seuls eux enfants, deux femmes et deux hommes sont sous traitement », précise-t-il.
