« L'émergence du Sud est sans précédent par sa rapidité et son ampleur », note l'édition 2013 du Rapport sur le développement humain, qui, par « Sud », désigne les pays en développement et, par « Nord », les pays développés.
Intitulé « L'émergence du Sud : progrès humain dans un monde de diversité », le rapport souligne que ce changement est marqué par un rééquilibrage global plus important que celui observé pendant la Révolution industrielle, le Sud émergeant comme la principale force motrice de la croissance économique mondial et du changement sociétal pour la première fois depuis des siècles.
« La Révolution industrielle est une histoire qui concernait peut-être une centaine de millions de personnes, mais celle qui s'écrit aujourd'hui en touche des milliards », assure Khalid Malik, le principal auteur du rapport.
Lancé à Mexico par l'administratrice du Programme des Nations Unies pour la développement (PNUD), Hélène Clark, et le président mexicain, Enrique Peña Nieto, le rapport souligne l'ampleur considérable de la croissance, au cours des 20 dernières années, des économies de la Chine, de l'Inde et du Brésil.
D'ici à 2020, le rapport estime que la production combinée de ces trois pays dépassera celle du groupe formé par les États-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l'Italie et le Canada. Toutefois, l'émergence du Sud va bien au-delà de ces trois poids lourds, alors que plus de 40 pays en développement ont su faire preuve, au cours de la même période, d'un élan plus important que prévu.
Ainsi, l'Indonésie, le Mexique, le Bangladesh, la Tanzanie et le Yémen ont enregistré une croissance significative, tandis que des états comme l'Afghanistan et le Pakistan ont affiché certains des taux de croissance les plus rapides au monde, avec 3,9% et 1,7% en moyenne au cours des 12 dernières années, respectivement.
Comment le Sud a-t-il atteint de tels niveaux de croissance ?
Le rapport attribue plusieurs de ces changements à des stratégies nationales intelligentes qui ont permis aux nations du Sud de prendre part à une économie mondialisée tout en mettant l'accent sur des programmes de protection sociale pour les plus vulnérables.
La hausse des revenus et l'amélioration de l'accès aux technologies a contribué à l'émergence une classe moyenne mieux informée et dans l'attente de réformes sociales et politiques. Sous peine de ne pas y répondre, les États courent le risque de troubles sociaux, prévient le rapport.
En dépit de progrès remarquables, environ 1,57 milliard de personnes vivent toujours dans une pauvreté aux multiples facettes, ce qui représente près de 30% de la population dans les 104 pays étudiés dans le rapport.
« La croissance économique à elle seule n'est pas automatiquement garante de développement humain », indique l'avant- propos du rapport. Les États du Sud ne se contentent pas de prendre leur « part de gâteau » dans le commerce international, ils améliorent aussi les services de santé et éducatifs, à l'appui de leur croissance, à l'opposé des mesures d'austérité privilégiées par de nombreux pays développés, qui amputent les programmes sociaux au nom de la crise économique.
En Amérique latine, plusieurs gouvernements se sont dotés de programmes de lutte contre la pauvreté et les inégalités, tels que « Bolsa Familia » au Brésil, « Oportunidades » au Mexique et « Chile Solidario », au Chili, qui prévoient des transferts d'espèces pour augmenter les revenus des ménages à condition qu'ils se rendent régulièrement dans des centres de soins et que leurs enfants soient scolarisés.
Ces politiques ont permis à la classe moyenne du « Sud » de s'épanouir et, d'ici à 2030, le rapport prévoit que 80% des classes moyennes mondiales résideront dans les pays en développement et représenteront 70% des dépenses totales liées à la consommation.