CPI: Cent mille morts générés par la LRA depuis 1987, cinquante-deux millions d’euros pour indemniser les victimes de D. Ongwen

Afriquinfos Editeur
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L'ancien chef de guerre ougandais Dominic Ongwen lors d'une audience à la Cour pénale internationale à la Haye, le 15 décembre 2022.

La CPI (Cour pénale internationale) a confirmé lundi 07 avril 2025 l’octroi de 52 millions d’euros d’indemnisation aux victimes d’un des principaux chefs de la LRA (Armée de résistance du Seigneur), une guérilla qui a fait régner la terreur en Ouganda.

Dominic Ongwen, nom de guerre la « Fourmi blanche », purge actuellement une peine de 25 ans de prison pour 61 chefs d’accusation, dont le meurtre, le viol et l’esclavage sexuel dans le nord de l’Ouganda au début des années 2000. En février 2024, les juges de la CPI avaient ordonné le versement de 52 millions d’euros de dommages et intérêts, dont un paiement « symbolique » de 750 euros pour chacune des quelque 50.000 victimes identifiées dans cette affaire.

L’ancien chef de guerre ougandais Dominic Ongwen lors d’une audience à la Cour pénale internationale à la Haye, le 15 décembre 2022.

M. Ongwen avait fait appel, mais les juges de la Cour d’appel de la CPI, basée à La Haye, ont confirmé à l’unanimité le montant des réparations. Le cas de celui qui avait été forcé à devenir enfant soldat après avoir été enlevé sur le chemin de l’école à l’âge de neuf ans a mis en lumière la responsabilité morale des personnes enlevées alors qu’elles étaient mineures. La LRA a été fondée en 1987 par Joseph Kony, ancien enfant de chœur catholique et prophète autoproclamé, qui a lancé une rébellion sanglante dans le nord de l’Ouganda contre le Président Yoweri Museveni.

Sa campagne brutale visant à instaurer un État fondé sur les dix commandements de la Bible a fait plus de 100.000 morts et 60.000 enfants ont été enlevés. Elle s’est ensuite étendue au Soudan, à la République démocratique du Congo et à la République centrafricaine. Les juges de la CPI ont notamment estimé que M. Ongwen avait personnellement ordonné à ses soldats de massacrer plus de 130 civils dans les camps de réfugiés de Lukodi, Pajule, Odek et Abok entre 2002 et 2005.

Si la Cour a reconnu qu’il avait été kidnappé alors qu’il était un « enfant sans défense », les juges ont estimé que cela n’atténuait en rien la gravité de ses crimes. Le Fonds au profit des victimes de la Cour organisera le versement des réparations, M. Ongwen, qui purge actuellement sa peine dans une prison norvégienne, ne pouvant payer. M. Ongwen s’est rendu aux forces spéciales américaines qui traquaient Joseph Kony en République centrafricaine début 2015, et a été transféré à la CPI pour y être jugé.

Traqué depuis de nombreuses années, Joseph Kony demeure introuvable. La CPI doit tenir une audience pour établir les charges contre lui par contumace le 9 septembre prochain.

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