Covid-19 : 13 Etats d’Afrique en synergie autour d’essais cliniques pour le traitement des cas légers

Afriquinfos Editeur
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*** Local Caption *** Les 54 pays du continent ont tous exprimé leur intérêt pour la Covax, une initiative mondiale qui est codirigée par la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (en anglais 'Coalition for Epidemic Preparedness Innovations', CEPI).

Kinshasa (© 2020 Afriquinfos)- Au total 19 sites répartis dans 13 différents pays (le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Ghana, la Guinée, la Guinée équatoriale, le Kenya, Mali, le Mozambique, l’Ouganda, la RDC et le Soudan) sont éligibles pour le lancement de la plus vaste étude clinique sur le continent, s’agissant du traitement des patients atteints de la Covid-19. La République démocratique du Congo est le premier pays à avoir commencé cet essai clinique depuis le mois de septembre dernier.

Baptisée «Anticov», cette étude est menée en collaboration avec un réseau international de recherche. Elle doit permettre d’identifier des médicaments pour traiter les formes modérées de la Covid-19, c’est-à-dire les cas légers de la maladie avant leur évolution vers une forme sévère. Plusieurs traitements prometteurs seront évalués.

Ce programme de recherche sera mené conjointement par plusieurs institutions coordonnées par l’initiative ‘Médicaments contre les maladies négligées’ (DNDi), une organisation de recherche indépendante basée en Suisse. Il bénéficiera du soutien de l’Organisation mondiale de la santé et de l’Union européenne, ainsi que de financements allemands, suédois et suisses.

A en croire le Dr Wilfred Mutombo Kalonji, responsable de ce projet en RDC, quelque 240 patients congolais vont participer à l’étude. Toutefois, il admet que la tâche n’est pas facile, au vu des réticences de certaines populations en Afrique qui ne croient toujours pas à l’existence du coronavirus.

Pourquoi l’Afrique ?

D’après Dr Nathalie Strub-Wourgaft, directrice, en charge de l’étude ‘Anticov’, à ce jour, il n’existe «aucun traitement qui peut prévenir une évolution sévère des patients atteints de la Covid-19». «Le problème est que si une évolution sévère survient, en particulier dans des structures à faibles ressources ou débordées, les patients risquent de ne pas avoir accès aux soins, c’est-à-dire à une oxygénothérapie, à des traitements ou à une ventilation mécanique assistée», a-t-elle également expliqué.

«Le but de cette étude, c’est de pouvoir prévenir cette progression sévère en traitant les patients très tôt, dès l’instant où ils seront diagnostiqués avec des symptômes légers», projette Nathalie Strub-Wourgaft.

Pourquoi cette étude clinique sur la Covid-19 en Afrique et non en Europe ?

«C’est tout le problème avec la Covid-19 puisque seulement 4% des études sont faites sur le continent africain. Donc, pour l’instant, il y a vraiment peu de recherches effectuées pour répondre aux besoins du continent. Il y a eu des études en Europe, mais aucune ne permet de conclure à l’efficacité d’un traitement. Une étude aux États-Unis vient de se terminer, mais avec les contraintes propres aux réglementations du pays, il ne peut pas y avoir un déploiement à tous les patients diagnostiqués présentant des symptômes légers. Ce qui représente quand même la grande majorité», s’inquiète Nathalie Strub-Wourgaft.

«En Afrique, c’est une très large étude qui va être effectuée et conduite par les Africains. Elle est d’ailleurs demandée par les Africains, parce qu’ils veulent trouver des solutions. Ce projet est piloté par tous les partenaires en Afrique et il faut beaucoup de patients pour parvenir à des résultats statistiques robustes. Il y aura donc une grande taille d’échantillons dans l’essai clinique» en cours, se félicite l’équipe de chercheurs d’«Anticov».

V. A.