Coup d’Etat : L’économie malienne asphyxiée par la fermeture des frontières

Afriquinfos Editeur
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Ce qui crée des ruptures qui font monter le mercure du thermomètre social dans beaucoup de quartiers de Bamako. Hier, vendredi 23 mars 2012, la circulation était très fluide dans la capitale malienne. Pas parce que les Bamakois ont peur de se hasarder dans les rues ou sur les principales artères de leur ville, mais à cause d'une crise de carburants.

"J'ai passé la matinée à chercher du gasoil un peu partout dans la ville au point de consommer le peu qui me restait dans le réservoir. Je n'en ai pas trouvé et j'ai été contraint de venir me garer en attendant que les choses s'améliorent", nous dit Moussa, un jeune taximan rencontré près du Musée national de Bamako.

Au lendemain de ce coup d'Etat mal inspiré, l'essence et le gasoil sont introuvables. Ceux qui en ont, le vendent au compte-gouttes et à un prix exorbitant. Ainsi, si dans la matinée du vendredi le litre était vendu en 1.000 F Cfa et 1.250 F Cfa (contre 700 à  800 F Cfa d'habitude), cette même quantité était cédée le soir aux usagers désabusés entre  2.000 et 2.500 F Cfa.

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Et pourtant, les importateurs d'hydrocarbures soutiennent que les stocks sont importants et peuvent tenir au moins trois mois. Seulement, "les stations ont été contraintes de fermer par crainte de vandalisme. En effet, dans la journée du jeudi, les soldats et les forces de sécurité ont passé la journée à piller et à déposséder les particuliers de leurs véhicules. Ils se rendaient ensuite dans les stations pour exiger d'être servis gratuitement. Face à ce rançonnement, les stations ont jugé sages de fermer boutique en attendant que l'orage passe", confirme un opérateur économique spécialisé dans l'importation des hydrocarbures. Et c'est cette fermeture des stations services qui a ouvert la voie à la spéculation sur les prix de l'essence, du gasoil…

Et avec la fermeture des frontières aériennes et terrestres, il faut craindre la même spéculation sur les prix des denrées de première nécessite comme le riz, le lait, l'huile… qui sont essentiellement importés. "De nombreux camions d'approvisionnement sont présentement bloqués à la frontière avec le Sénégal, la Côte d' Ivoire et le Burkina. Sans compter que contenaires de marchandises en attente de dédouanement ont été pillés par des soldats et de gendarmes jeudi dernier. Il faut donc s'attendre à une rupture de stocks ou à la rétention des denrées afin de faire grimper le prix de vente aux consommateurs", s’inquiète un officier des services de la douane malienne.

De façon générale, ce putsch risque d'asphyxier l'économie malienne pourtant jugée comme l'une des plus performantes de l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). En effet, les exportations (coton, mangue…) sont bloquées. Tout comme les importations. Cela prive le pays d'importantes recettes douanières vitales pour le Trésor public. Avec les sanctions des grandes puissances et des grandes organisations financières comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), l'Union européenne)… Les putschistes pourront-ils longtemps tenir ? Rien n'est moins sûr, selon des observateurs.