A Abobo-Baoulé, un quartier de la banlieue d'Abobo au nord d'Abidjan, des militants proches du Front populaire ivoirien (FPI, de Laurent Gbagbo) ont bruyamment manifesté leur joie à l'issue de la rencontre, au grand désagrément et à l'indignation de militants du Rassemblement des républicains (RHDP, pro-Ouattara), suscitant des affrontements aux alentours du commissariat de police.
"Alassane (Ouattara) ne mérite pas de prendre la coupe que Gbagbo (Laurent) a préparée. Il est allé perturber la préparation des Eléphants à la veille du match et il fait comme si c'est lui qui a fait que les Eléphants allaient gagner. C'est bien fait pour lui et nous on est content", a confié à Xinhua Kané Jean Marc, un habitant du quartier, blessé au bras lors des échauffourées.
L'union sacrée autour des Eléphants a été fissurée par les soupçons de récupération politique des retombées d'une éventuelle victoire entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara à la veille de la finale dont les Ivoiriens étaient hyper favoris mais qu'ils ont perdus face à la Zambie.
Sûrs de leur victoire, des centaines de supporters s'arrachaient encore les gadgets liés à leur équipe peu avant la rencontre.
"Je suis tombé malade après notre défaite mais je suis allé accueillir les Eléphants à l'aéroport pour leur montrer que nous sommes derrière eux, même si on n'est pas content", fait savoir Michel Alban, élève d'une classe de première littéraire, qui s'était offert un tee-shirt portant le numéro 10 de son idole, Gervinho.
"Maintenant, il faut oublier tout çà et se remettre au travail pour gagner toutes les batailles futures", affirme-t-il, en allusion aux éliminatoires de la CAN 2013 en Afrique du sud.
Le travail et les activités économiques ont effectivement repris normalement mardi à Abidjan et à l'intérieur du pays après le férié de lundi décrété par le gouvernement pour réserver un accueil chaleureux aux pachydermes que les Abidjanais n'ont pas boudé.
Mais après la désillusion de la Can, la dure réalité d'un pays en lambeaux après une crise de 10 ans refait surface.
"On a voulu saupoudrer les maux réels du pays avec une éventuelle victoire", analyse Pierre N' Dah, administrateur civil.
"Il va falloir maintenant faire face aux problèmes réels des Ivoiriens et travailler dans ce sens", souligne-t-il.
La formation d' un nouveau gouvernement, l' accès du pays au statut de Pays pauvre très endetté (PPTE) en vue de la réduction de sa dette, l' emploi des jeunes, la sécurité, la réconciliation des populations sont quelques-unes des priorités auxquelles doit faire face le président Alassane Ouattara.