Brazzaville (© 2025 Afriquinfos)- Au Congo-Brazzaville, un remaniement au sein du Gouvernement acté par un décret en date du 10 janvier, a conduit à la nomination d’un nouveau ministre des Finances, du Budget et du Portefeuille public. En la personne de Christian Yoka. Il remplace Jean-Baptiste Ondaye et devient le troisième ministre à ce poste en quatre ans
Diplômé de la Sorbonne et de la Boston University, Christian Yoka, a travaillé plus de 20 ans au sein de l’Agence française de développement (AFD), dont il était le directeur Afrique depuis 2021. Il arrive au poste de ministre des Finances, du Budget et du Portefeuille public du Congo, dans un contexte économique marqué par des tensions budgétaires et une dette publique préoccupante.
Les estimations mentionnent que, le Congo reste largement dépendant des recettes pétrolières, qui représentent environ 80% de ses revenus budgétaires et 63% de son PIB.
En 2024, les autorités avaient dû procéder à un reprofilage de 2314 milliards FCFA de dette intérieure (titres du Trésor libellés en monnaie locale), une opération qualifiée de « défaut technique » par Fitch, avant que la note souveraine ne soit relevée à « CCC ». Le service de la dette absorbe 60% des recettes domestiques.
Entre autres, le nouveau ministre devra piloter efficacement son service afin d’apporter un équilibre visible à l’économie du Congo. L’objectif étant aussi, la réduction de la dette et le financement efficace du développement.
Pour Alphonse Ndongo, journaliste congolais, spécialiste des questions économiques, de gros chantiers attendent le nouveau ministre des finances.
«Il y a d’énormes chantiers, il faut le reconnaître. Aujourd’hui, on est très endetté. On est dans une espèce d’assèchement financier et les défis sont énormes, tant au niveau du recouvrement des recettes fiscales, douanières et aussi quant aux performances de notre Trésor public. Donc, il s’agit, pour le nouveau ministre des Finances, de mettre de l’ordre dans les régies financières, afin que la mobilisation des recettes soit de mise et que le Congo puisse donc répondre au service des différentes dettes. Il faut donc aussi, sur le plan international, soigner la qualité de la signature du Congo, car on a eu des défauts de paiement envers les créanciers», a-t-il fait observer sur Rfi.
Pour Cédric Mbeng, spécialiste des marchés financiers et de l’Afrique centrale, le choix de Christian Yoka est révélateur des intentions des autorités congolaises: «Ce profil indique clairement que le Congo se prépare pour les négociations avec les partenaires techniques et financiers. Ce profil est en phase avec les attentes du Congo en ce qui concerne les réformes sur le plan budgétaire, et bien sûr, à la connaissance profonde des mécanismes des partenaires. C’est un atout. Il y a des décisions très fortes qu’il faut prendre, notamment certaines réformes dans la gestion de la dette. Et il est temps d’avoir une personne qui a les compétences techniques et aussi le réseau nécessaire pour faire avancer certaines discussions qui vont avoir lieu cette année».
Juriste dans le secteur de la finance internationale
Juriste chevronné dans les domaines de la finance internationale et du développement, Christian Yoka est titulaire d’un DESS en droit et fiscalité de l’Université Paris Panthéon-Sorbonne ainsi que d’un master en Droit bancaire et financier de l’Université de Boston. Il arrive sur un terrain glissant où, depuis Gilbert Ondogo, la durée du mandat d’un ministre des finances dépasse rarement les deux ans.
En effet, avant d’être nommé comme ministre des Finances au Congo, Christian Yoka avait occupé le poste de directeur du département Afrique de l’Agence Française de Développement (AFD) en 2021. Il a une longue expérience au sein de l’AFD, ayant dirigé des équipes dans diverses régions stratégiques d’Afrique. De 2018 à 2021, il a été directeur régional pour l’Afrique de l’Est.
Auparavant, il a occupé les mêmes fonctions pour le Cameroun, la République centrafricaine et la Guinée équatoriale (2016-2018), puis pour l’Éthiopie, le Soudan, le Soudan du Sud, l’Érythrée et la Somalie (2013-2016). Il a entre autres également dirigé l’agence de l’AFD en RDC de 2009 à 2013, acquérant une riche expérience des relations internationales et des stratégies de financement du développement.
Vignikpo Akpéné