Des similitudes historiques entre l'Algérie et l'Egypte.
Avec l'ouverture du multipartisme en Algérie au début des années 90, les islamistes, sous la houlette du Front islamique du Salut (FIS), ont remporté les élections locales de 1990, premières élections libres dans le pays, ainsi que le premier tour des législatives en décembre 1991. Pourtant, l'armée algérienne est intervenue en janvier 1992 pour interrompre le processus électoral en dissolvant les assemblées communales et départementales dirigées par les élus du FIS, de crainte que celui-ci ne mette en place une république islamique aux dépens des libertés. Une intervention qui a plongé ce pays d'Afrique du Nord dans un bain de sang qui a duré une dizaine d'années. Selon l'enseignant-chercheur à la faculté de sciences politiques de l'université Alger III, le Docteur Rachid Tlemçani, avant que les armées des deux pays ne retirent le pouvoir entre les mains des islamistes en Algérie et en Egypte, c'était tout aussi les institutions militaires qui ont donné aux islamistes un coup de pouce pour remporter les élections.
"Cette victoire électorale orchestrée par l'establishment sécuritaire (égyptien) nous rappelle étrangement le coup de force qui a permis aux islamistes, sous la houlette du FIS, de remporter le premier tour des élections législatives en 1991", a-t-il déclaré à Xinhua. L'autre similitude entre le cas algérien et égyptien réside, d'après M. Tlemçani, dans le fait que la confrérie, "animée par une politique revancharde et sans expérience dans les affaires du pays (…), s'est précipitée à confisquer toute une révolution populaire", a-t-il fait remarquer. Idem pour le FIS, qui "en s'emparant des communes, il avait initié une politique exclusive et sectaire (vis-vis du reste des tendances politiques du pays)", a poursuivi M. Tlemçani.
En ce qui concerne l'avenir de l'Egypte, certains experts se sont même allés jusqu'à prédire que ce pays du Moyen-Orient pourrait être confronté à des violences liées à la colère des Frères musulmans qui se sont vus refuser leur droit "légitime" de gouverner après l'élection libre de l'an dernier. Pour rappel, l'interruption du processus électoral en Algérie a poussé les sympathisants du FIS à s'engager dans une lutte armée qui s'est soldée par plus de 100.000 morts et des milliers de disparus au bout d'une dizaine d'années. Au moment où des experts soutiennent l'existence d'une similitude entre le cas de l'Algérie et celui de l'Egypte, d'autres ont relevé ce qui constitue la différence entre les deux pays.
D'après eux, le FIS n'a pas réussi à gouverner, ce qui n'est pas le cas pour ses confrères islamistes égyptiens. En outre, ils ont souligné que l'Algérie n'avait pas connu récemment ce qui est appelé les événements du "Printemps arabe" tandis que M. Morsi et ses partisans sont accusés d'avoir trahi les aspirations de l'Egypte après le renversement de Hosni Moubarak.
Côté officiel, l'Algérie qui s'est dite profondément préoccupée par l'évolution de la situation qui prévaut en Egypte et appelle les différentes parties impliquées dans le conflit à faire preuve de retenue, a affiché son agacement quant aux commentaires comparant ce qui se passe en Egypte avec ce qu'a vécu l'Algérie, précisant que "ce qui se passe concerne uniquement les Egyptiens".
Dans cet ordre d'idées, l'ambassadeur d'Egypte à Alger, Azzedine Fahmi, a été convoqué par le ministère des Affaires étrangères pour avoir évoqué un "coup d'Etat qui a mené à la violence (en Algérie)". "L'ambassadeur d'Egypte a été convoqué par le ministère des Affaires étrangère en vue de s'expliquer sur des déclarations qu'il lui sont attribuées. Il a nié en bloc avoir dit cela", a confié le porte-parole des Affaires étrangères, Amar Belani, dans une déclaration écrite rapportée par le quotidien El-Khabar. Car l'Algérie ne veut pas entendre parler de "coup d'Etat" qui aurait conduit à la violence et soutient que les symptômes d'un recours aux armes de la part des islamistes étaient visibles bien avant le scrutin législatif de décembre 1991.