Paris (© 2025 Afriquinfos)- La liberté de la presse recule de manière préoccupante dans de nombreux pays africains, informe le classement mondial de la liberté de la presse de Reporter Sans Frontière (RSF) publié ce 2 mai 2025. C’est dans cette région que le score économique se détériore dans le plus grand nombre de pays : 80 % d’entre eux sont concernés.
L’Érythrée (180e) reste dernière du Classement. Le score économique s’est dégradé dans 80 % des pays de la région. En République démocratique du Congo (133e, – 10), où l’indicateur économique dégringole, le paysage médiatique continue de se polariser et d’être réprimé à l’est du pays. C’est aussi le cas dans d’autres contextes de guerre ou d’instabilité sécuritaire, comme au Burkina Faso (105e, – 19), au Soudan (156e, – 7) ou au Mali (119e, – 5), où des rédactions sont contraintes à l’autocensure, à la fermeture ou à l’exil.
La totalité des médias en Érythrée appartient au gouvernement, un cas unique sur le continent africain. En 2016, le classement mondial sur la liberté de la presse établi chaque année par Reporters sans frontières situe l’Érythrée au 180e rang sur 180 pays. Elle occupe depuis neuf ans la dernière place à ce classement..
L’hyperconcentration de la propriété des médias aux mains de personnalités politiques ou du monde des affaires, sans garantie d’indépendance éditoriale, est aussi récurrente. Elle est notamment remarquable dans des pays comme le Nigéria (122e, – 10 places), la Sierra Leone (56e) ou encore le Cameroun (131e). Elle s’accompagne d’une dépendance aux revenus publicitaires, majoritairement alimentée par les budgets de communication de l’État et de grandes entreprises. C’est le cas au Bénin (92e) et au Togo (121e). Cette situation accroît la pression sur les rédactions, poussées à l’autocensure par crainte de perdre ces financements. Au Kenya (117e), The Nation en a fait les frais : le journal a vu ses publicités retirées par l’opérateur Safaricom après avoir révélé le rôle de celui-ci dans la surveillance des communications de citoyens.
Le manque de subventions publiques pérennes et transparentes fragilise encore davantage le secteur. Dans plusieurs pays, les aides étatiques sont rares ou distribuées de manière discrétionnaire. En Mauritanie (50e), elles sont affaiblies par une mauvaise gouvernance, ce qui compromet l’indépendance des médias. Au Sénégal (74e), leur transparence est au cœur de réformes en cours, non sans contestation de la profession, qui fait aussi face à des contrôles fiscaux intensifiés et à la suspension de conventions publicitaires avec des entités publiques.
Sept pays africains sont désormais dans le dernier quart du Classement. L’Ouganda (143e), l’Éthiopie (145e) et le Rwanda (146e), passent en situation “très grave” cette année. Le Burundi (125e), déjà en bas du Classement, baisse de 17 places. Malgré la libération de l’animatrice de Radio Igicaniro Floriane Irangabiye, la situation globale reste critique et nombreux sont les médias burundais à exercer depuis l’exil. L’Érythrée (180e) demeure le dernier pays du Classement. La presse y est soumise à l’arbitraire du président Issaias Afeworki : il n’existe plus aucun média indépendant dans ce pays tristement réputé pour les plus longues détentions de journalistes dans le monde, parmi lesquelles le journaliste suédo-érythréen Dawit Isaak.
Toutefois, dans une Afrique où informer devient un défi quotidien, l’embellie vient des pays bien classés comme l’Afrique du Sud (27e), la Namibie (28e), le Cap-Vert (30e) et le Gabon (41e).
V.A.