Changement de Constitution au Togo: UNIR ira jusqu’au bout de sa réforme malgré les critiques viriles des Opposants (G. Bawara)

Afriquinfos Editeur
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Paris (© 2024 Afriquinfos)- La nouvelle loi constitutionnelle adoptée par l’Assemblée Nationale du Togo le 25 mars 2024 continue de provoquer l’indignation dans les rangs de l’opposition et de la Société civile. Ces derniers dénoncent un coup de force anticonstitutionnel et y voient une manœuvre de l’actuel pouvoir de s’éterniser aux affaires. Alors même que la réforme en question fait l’objet d’une deuxième lecture au Parlement, au sein de la majorité présidentielle, on assure que la nouvelle Constitution sera votée.

La nouvelle réforme qui devra faire passer le Togo d’un régime présidentiel à un régime parlementaire sera adoptée avant les prochaines élections, d’après le ministre togolais de la Fonction publique, du Travail et du Dialogue social. ‘’Je suis convaincu que dans les prochains jours, la Constitution, après relecture, sera adoptée par l’Assemblée Nationale’’, a laissé entendre Gilbert B. Bawara. Le ministre togolais  de la Fonction publique, du Travail et du Dialogue social a tenu ces propos lors d’un entretien accordé à la chaine « Tv5 Monde ».

Ce dernier souhaite d’ailleurs ‘’profiter de cette période de campagne pour intensifier la pédagogie, l’information et la sensibilisation de nos concitoyens, autour de la nouvelle loi« . S’agissant des raisons qui ont motivé à faire passer le Togo d’un régime présidentiel à un régime parlementaire, G. Bawara a déclaré ceci: ‘’ Il y a deux raisons fondamentales. Il faut observer de près les crises, les soubresauts qui agitent toute la sous-région depuis près d’une quinzaine d’années. Il faut analyser ces bouleversements et en tirer un certain nombre de conséquences d’ajustements et d’adaptation des institutions auxquelles il faut procéder. Nous, nous avons la conviction que le nouveau régime politique parlementaire va favoriser une gouvernance et une gestion beaucoup plus concertée et décentralisée et partagée des responsabilités’’.

Et de poursuivre: ‘’On a un Président de la République qui assure une partie des prérogatives que le PR assure actuellement , on a un Président du Conseil qui va développer une plus forte proximité avec la population dans le suivi et l’exécution des politiques publiques, le point critiqué est la non-limitation du mandat du Président du Conseil qui fait grincer des dents au sein de la population’’.

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Selon ce ministre réputé pour être très proche du Président Faure Gnassingbé, il n’y a pas lieu que cette nouvelle Constitution crée la polémique, ‘’sauf du côté de ceux qui sont dans un esprit défaitiste parce que nous allons aux élections législatives le 29 avril. Nous ne pouvons pas anticiper qui sera vainqueur de ces élections’’, a-t-il dit. ‘’A supposer que le parti UNIR qui est le mien est fortement vainqueur de cette élection, il n’y a pas d’automaticité, du genre, c’est le président de ce parti qui va nécessairement jouer tel ou tel rôle. On dit le parti ou la coalition majoritaire à l’Assemblée Nationale désigne le Premier ministre », a poursuivi G. Bawara.

« Et donc, il peut naturellement s’agir du parti UNIR, et ça c’est mon souhait‘’ dont le leader dispose d’une « expérience, la sagesse, le savoir-faire qui sont encore indispensables pour le pays’’, soutient entre autres le ministre Bawara.

Une réforme adoptée à quelques jours des élections régionales et législatives 2024?

Du côté de l’opposition, on affirme que cette réforme a été adoptée à quelques jours des législatives, car celle-ci permettrait à Faure Gnassingbé d’être nommé au nouveau poste de «Président du Conseil des ministres» -en fait Premier ministre-, poursuivant ainsi les « 57 ans de règne de sa famille » à la tête du Togo depuis 1967. L’ancienne candidate à la présidentielle 2010, Brigitte Kafui Johnson, qui dirige le parti d’opposition CDPA, a qualifié les amendements constitutionnels de «braquage constitutionnel».

 Mais, ‘’c’est parce que nous étions dans un dilemme. Si nous allons aux législatives puis nous procédons ensuite à un débat puis à une réforme constitutionnelle, se posera la question de savoir s’il faut dissoudre l’Assemblée Nationale et la conformer au nouveau système, alors qu’un des objectifs précisément de la réforme constitutionnelle, c’est de nous emmener à réduire, à rationaliser les consultations électorales qui sont souvent porteurs de tensions, de crises, de conflits’’, a de son côté fait savoir le ministre.

Ainsi, Gilbert Bawara a tenu à préciser qu’il ‘’est important que les Togolais aillent à ces élections en toute connaissance de cause, que les candidats et les électeurs, en votant, sachent les implications de leur vote, notamment le fait que le Président du Conseil, le Président de la République, sont l’émanation d’un vote (…)’’. En ce qui concerne le pourquoi de n’avoir pas opté pour un référendum comme c’est inscrit dans la Constitution de 1992, le ministre de la Fonction publique a répondu:  ‘’La Constitution a prévu deux modes de révision constitutionnelle; la voie parlementaire et la voie référendaire, les deux modes s’équivalent , la Constitution n’a pas établi de hiérarchie ou d’ordre préférentiel en fonction du sujet sur lequel porte la réforme ou en fonction de la portée de l’importance ou des enjeux de la réforme constitutionnelle. Donc, c’est vraiment une question d’opportunité que les députés, les autorités, ce qui assurent une responsabilité institutionnelle, notamment le Président de la République, ont choisi. Cette voie peut permettre au Togo de faire des économies’’.  

Vignikpo Akpéné