Ces propos sans fards de Patrice Talon sur l’intégration ouest-africaine appelés à faire date

Afriquinfos Editeur
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Patrice Talon au sommet d'abuja (Dr-Twitter Présidence du Bénin)

Abuja (© 2025 Afriquinfos)- Le Président béninois Patrice Talon a livré ce 21 juin 2025, un discours franc sur et les perspectives d’intégration régionale. Le dirigeant se prononçait lors du tout premier Sommet de la CEDEAO consacré à l’économie. Il a notamment évoqué un engagement commun avec son homologue nigérian, Bola Tinubu, pour renforcer les liens économiques entre leurs deux pays.

’Ce n’est pas la volonté. L’Afrique a les mêmes idéaux que le reste du monde. Ce n’est pas la volonté qui nous manque, mais nous ne parvenons pas à faire aboutir nos idéaux. Et notre échec principal, et qui est la cause de notre sous-développement, c’est bien notre incapacité à mettre en œuvre notre idéal. Et ceci est de la responsabilité de nos leaders, nos responsables. C’est de la responsabilité de nos collaborateurs, c’est-à-dire les ministres. C’est de la responsabilité des cadres de nos ministères. C’est de la responsabilité de notre administration globale’’, a déclaré  le dirigeant dès l’entame de son speech.

Que sont donc l’ensemble des divers responsables de l’Afrique, du plus haut niveau jusqu’au plus bas, qui sont responsables de la non-mise en œuvre de notre idéal ? S’est interrogé le Président béninois

Pour pallier le mal, Patrice Talon invite les autres pays du bloc à une action commune pour la ‘’complémentarité et l’intégration de notre économie, qui relève du rôle de chef d’État que nous sommes, est à saluer’’, a-t-il déclaré.

Et de préciser : ‘’Ce n’est pas pour moi une manière d’excuser le chef d’État et d’exprimer que notre rôle dans notre échec est infime. Non, nous avons notre part de responsabilité dans l’échec, mieux parler d’un chef d’État. Des principaux responsables sommes les de l’État. Mais cette responsabilité de cet échec ne relève pas seulement de cette insuffisance des chefs d’État que nous sommes’’.

’Tellement les responsables politiques, tellement l’administration ne fait pas ce qu’il faut, que nos populations et nos hommes d’affaires sont obligés de contourner les obstacles de l’administration, devoir affaire pour échanger entre les communautés de pays à l’autre. Quand on observe les efforts que font nos communautés pour donner un contenu réel à l’intégration et en contournant ainsi l’administration en étant dans l’informel, nous devrons, cher président, cher collègue, cher grand frère, nous devrons, cher ministre, cher responsable de l’administration, prendre le nouveau départ pour sortir l’Afrique de la pauvreté en passant par l’intégration’’, a-t-il laissé entendre.

Le monde entier, notamment les pays développés dans les deux régions du monde, sont rentrés dans une phase de défiance de la coopération internationale. La coopération internationale n’est plus aujourd’hui un idéal universel, a également rappelé le dirigeant.

La fin de l’aide internationale, une leçon pour l’Afrique

C’est le seul moyen pour nous, pour nos populations, de sortir de la pauvreté et que nous fassions les efforts qu’il faut suivre nous-mêmes pour nous développer.

Selon le Président béninois, ‘’les États-Unis sont en train de donner  à l’Afrique une leçon incroyable. ‘’On observe le pays le plus puissant du monde, l’économie le plus puissante, qui est en train de défendre ses intérêts au centime près, au mépris de la coopération internationale. Cette déclaration à la limite de gains commerciaux que les États-Unis ont déclarés au monde entier est une façon de nous réveiller. À la limite, nous devrions saluer le président Trump pour ce coup de fouet qu’il nous donne’’, a-t-il fait observer.

Et de poursuivre : ‘’J’ai envoyé la semaine d’il y a quelques jours au ministre des Finances porter un message au Président Tinubu pour la préparation de ce sommet. ‘’J’ai prié le grand frère Tinubu d’accepter que le Bénin et le Nigéria soient les pionniers du passage à un nouveau palier en termes d’intégration. Nous sommes la CEDEAO, nous avons des textes extraordinaires concernant l’économie, concernant l’intégration. Nous avons demandé au président Tinubu que le Bénin était prêt à être un pionnier avec le Nigéria pour passer une étape réelle, concrète d’une intégration économique’’, a-t-il confié.

Le Chef de l’Etat béninois a ‘’pris à témoin’’ ‘’ toute la salle, les citoyens du Bénin’’, déclarant  ‘’que le président Tinubu et lui sont d’accord pour que le Bénin et le Nigéria intègrent l’économie de manière effective.

 ‘’Nous avons donné les conseils qu’il faut à nos divers collaborateurs ‘’, a-t-il dit tout en interpellant sur séance tenante ‘’ses ministres’’, ‘’J’interpelle le ministre du Président Tinubu, sa ministre du Commerce, pour que notre volonté, notre instruction d’aller plus loin dans notre intégration soit une réalité et c’est désormais de leur responsabilité’’, a poursuivi M. Talon.

’Président Tinubu, il faudrait que vous et moi, que le Bénin et le Nigéria (qui sont deux pays si amoureux, du sud au nord, nous sommes exactement les mêmes à tout point de vue), soient les pionniers de cette nouvelle dynamique’’, a-t-il souligné. Tout en concluant: ‘’Dieu bénisse l’Afrique de l’Ouest’’.

Vignikpo Akpéné