A Nana-Outa, localité située à 38 km au nord de la ville de Kaga Bandoro, le long de l'axe qui traverse la préfecture de Nana- Grébizi, plus d'une centaine de huttes en paille improvisent une habitation temporaire pour les déplacés.
Y vivent environs 180 ménages, soit plus de 700 personnes, qui ont fui les violents affrontements du 23 janvier dernier suite à l'offensive lancée par les forces armées centrafricaines et tchadiennes contre les rebelles du Front Populaire pour le Redressement (FPR) de Baba Ladé.
"J'avais seulement quelques machettes et houes (comme outil de production), et quand ça (les combats) commençait, nous avons fris fuite vers la brousse. Nous n'avons pu rien sortir de la maison, sauf cette marmite", déplore Hélène Vitikoa, une veuve visiblement souffrant d'une malnutrition chronologique, dont un fils de 8 ans a été tué pendant les combats.
Comme d'autres victimes groupées dans ce camp, Hélène et ses cinq enfants s'abritent actuellement sous une hutte qui n'a pas l'air de pouvoir résister à l'imminente saison pluvieuse. Dedans, une étagère en bois usé, une bassine, deux nattes et quelques habits récemment fournis par des organisations humanitaires, constituent la totalité des biens du ménage.
La nourriture, les soins, l'école, tous font souci, et l'eau potable s'impose en top. Faute de choix, les enfants boivent de l'eau de la rivière et beaucoup d'entre eux sont atteints de diarrhée, reconnaît Alphonse Mandago, chef des déplacés dans ce camp.
Toutefois, le camp présente une vie similaire au village sur l'autre rive de l'axe. La décortication des arachides, l'épuration des niams – plante locale mangeable – occupent quelques femmes et enfants alors la plupart des gens travaillent dans les champs.
"Nous allons rester ici. A Ondava, d'où on vient, le village a été dévasté à deux reprises, en 2007 et puis en 2008. Cette fois, le bombardement et les combats ont détruit toutes les maisons. C'est un très mauvais souvenir et nous n'avons pas le courage d'y retourner", affirme le triste chef du camp.
Pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui y a déployé quatre sous-délégations pour s'occuper de la majorité des 17 préfectures de ce pays enclavé et un des plus pauvre du monde, le sort des déplacés dans les différents camps dépendent de plusieurs facteurs.
A part de Nana-Outa, le camp le plus proche de Kaga Bandoro, d'autres déplacés se trouvent à Ouadago chez les familles d'accueil, et à Farazala (60 km de Kaga Bandoro) où les habitants de quatre villages se sont installés dans un camp, selon Céline Doutrelugne, délégué du CICR au bureau de Kaga Bandoro.
D'après les chiffres de l'ONU, 22.000 personnes ont été déplacées au moment des combats en janvier et actuellement 4.000 réfugies vivent dans des sites improvisés.
Le CICR, les Médecins Sans Frontières, l'Unicef et d'autres organisations humanitaires présentes dans ce pays ont apporté les viviers aux personnes déplacées dans le premier temps.
En seconde phase, les humanitaires ont distribué des semences avant le début de la saison pluvieuse. "Nous distribuons les semences pour cultiver, et des vivres de protection, c'est-à-dire des nourritures pour que les gens qui n'ont vraiment rien ne mangent pas les semences", précise Céline Doutrelugne.
En ce qui concerne les déplacés au camp Nana-Outa, "pour reconstruite leurs maisons, faire les briques, il faut que ce soit la saison sèche. Donc on sait pour les prochains quatre cinq mois, ils vont rester ici", explique le représentant du CICR à Kaga Bandoro.
Dans le village de Fazarala, les déplacés montrent plus de volonté de rentrer, mais il faut voir au mois par mois pour voir comment ça évolue, ajoute-elle.
Selon les informations, des soldats centrafricains continuent de traquer les quelques rares éléments de Baba-Laddé éparpillés dans ces régions, ce qu’ fait craindre de nouveaux affrontements ou d'éventuelles représailles de la part des rebelles.
"Nous le CICR, on n'est pas là pour leur diriger dans un sens ou l'autre, c'est vraiment à eux de décider par rapport à leur sentiment de sécurité. Quelque soit le choix qu'ils feront, nous allons essayer de les assister", promet Céline Doutrelugne.