Rome (© 2025 Afriquinfos)- Le cardinal Robert Sarah ce prélat influent en Afrique, cristallise les espoirs de l’aile traditionaliste de l’Église malgré des chances d’élection jugées minces par les observateurs du Saint-Siège au parcours exceptionnel. Né en Guinée, il fut le plus jeune évêque du monde. Il a été créé cardinal par le pape Benoît XVI.
Jadis surnommé « le bébé » par Jean-Paul II, le cardinal guinéen Robert Sarah incarne depuis quelques années le camp conservateur de l’Église catholique et constitue le principal opposant aux volontés réformatrices du pape François. Auteur de plusieurs ouvrages, parmi lesquels : « Des profondeurs de nos cœurs », il est controversé sur le célibat des prêtres,
Après avoir été ordonné prêtre en Guinée, il est devenu, à trente-trois ans, le plus jeune archevêque du monde, et a lutté avec une énergie formidable pour la liberté de son peuple. Sa vie est construite sur le roc de la foi, le combat pour la vérité de Dieu, l’humilité, la simplicité et le courage.
Cet homme profondément spirituel. Jean-Paul II l’a appelé à Rome en 2001, Benoît XVI l’a créé cardinal en 2010, et François en a fait l’un de ses plus proches collaborateurs en le nommant à la tête de la prestigieuse Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. La vie entière du cardinal est une sorte de miracle, une succession de moments qui semblent impossibles sans l’intervention du Ciel.
Parmi ces œuvres, on retrouve également : ‘’La force du silence’’, ‘’Le soir approche et déjà le jour baisse’’
‘’À la racine de l’effondrement de l’Occident, il y a une crise culturelle et identitaire. L’Occident ne sait plus qui il est, parce qu’il ne sait plus et ne veut pas savoir qui l’a façonné, qui l’a constitué, tel qu’il a été et tel qu’il est. De nombreux pays ignorent aujourd’hui leur histoire. Cette auto-asphyxie conduit naturellement à une décadence qui ouvre la voie à de nouvelles civilisations barbares’’.
Cette affirmation du cardinal Robert Sarah résume le propos de son troisième livre, ‘’Le soir approche et déjà le jour baisse’’. Son constat est simple : notre monde est au bord du gouffre. Crise de la foi et de l’Église, déclin de l’Occident, trahison de ses élites, relativisme moral, mondialisme sans limite, capitalisme débridé, nouvelles idéologies, épuisement politique, dérives d’un totalitarisme islamiste… Le temps est venu d’un diagnostic sans concession. Il ne s’agit pas seulement d’analyser le grand retournement de notre monde : tout en faisant prendre conscience de la gravité de la crise traversée, le cardinal démontre qu’il est possible d’éviter l’enfer d’un monde sans Dieu, d’un monde sans homme, d’un monde sans espérance.
Dans cette réflexion ambitieuse, le cardinal Robert Sarah se penche sans exclusive sur les crises du monde contemporain en livrant une importante leçon spirituelle : l’homme doit faire du chemin de sa vie l’expérience d’une élévation de l’âme, et ainsi quitter cette vie en créature plus élevée qu’il n’y était entré.
Le cardinal Robert Sarah et Nicolas Diat ont publié ensemble ‘’Dieu ou rien’’. Dans ‘’Des profondeurs de nos cœurs’’,Benoît XVI et le cardinal Robert Sarah ont répondu à l’élan de leurs cœurs. Ce livre fera date. À bien des égards, il est unique. Et, certainement, historique.
Les deux auteurs se répondent, se complètent et se stimulent. Ils livrent une démonstration parfaite, sans crainte d’ouvrir le débat.
‘’Il nous a tant donné’’ est cependant une œuvre qui rend Hommage à Benoît XVI.
« Dieu est ! Quelle libération ! À l’heure où l’Église semble obsédée par elle-même, par ses structures, par son avenir, Benoît XVI nous dit : au fondement de tout, il y a ces mots émerveillés et amoureux, Dieu est. À l’heure où l’on perd tant de temps en réunions dont l’unique sujet est nous-mêmes et encore nous-mêmes, il nous invite à nous détourner de nous pour nous tourner vers Dieu, ce Dieu dont l’être est l’unique lumière. »
« Devant l’immensité de l’oeuvre de Benoît XVI, on est saisi de vertige. Pendant trente ans, auprès de saint Jean-Paul II, puis en lui succédant sur le trône de Pierre, il a jeté les fondements spirituels et théologiques de l’Église du troisième millénaire. Quelle est donc la clef de cette cathédrale de la pensée de Joseph Ratzinger ? Plutôt qu’une qualité, plutôt qu’un trait psychologique, le prince architectonique de l’oeuvre du pape Benoît est en Dieu – plus exactement, c’est Dieu lui-même, contemplé et aimé. »
Robert Sarah, né à Ourouss, en Guinée, fut le plus jeune évêque du monde. Il a été créé cardinal par le Pape Benoît XVI. Il est préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements de 2014 à 2021. Il est actuellement membre de la Congrégation pour la cause des saints, de la Congrégation pour les Églises orientales, ainsi que de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples.
Chef de la contestation
En 2015, alors que des évêques africains sont venus répéter, hostilité à toute évolution de l’Eglise sur le cas des divorcés remariés ou sur l’homosexualité, réclamée par de nombreux fidèles et ecclésiastiques européens ou américains. Le cardinal guinéen Robert Sarah Un homme est le chef de cette « contestation africaine ».
Quelques jours avant le synode, le cardinal a en effet mené la charge et coécrit avec d’autres prélats africains dont Samul Keda, l’archevêque de Douala au Cameroun, un ouvrage au titre qui sonne comme un manifeste, L’Afrique, la nouvelle patrie du Christ.
L’Afrique, selon les propos du livre, est devenue « le refuge des vraies valeurs chrétiennes« . Et Robert Sarah en est son défenseur face aux velléités de changements du pape François. Le synode sur la famille se solde, face à cette opposition de ces 51 évêques, par un échec pour le pontife argentin.
Le cardinal Sarah, par son parcours, sa position au sein de la Curie et son aura intellectuelle, s’est imposé comme une « figure presque tutélaire » des églises africaines selon Odon Vallet, politologue et spécialiste des religions. « C’est un homme de foi qui a forgé des convictions très fortes dans son histoire sacerdotale ».
Le cardinal Robert Sarah est né en 1945 dans le nord de la Guinée dans une famille animiste. Le jeune animiste est évangélisé par des pères français. C’est un enfant de la mission coloniale. Il décide au lendemain de l’indépendance de rentrer dans les ordres et part en France au séminaire de Nancy avec cinq autre jeunes séminaristes africains.
« Ces cinq autres camarades qui rentrent dans les ordres sont alors tous en couple. C’est quelque chose qui va le choquer et le marquer longtemps sur la nécessité de refonder moralement l’Église et notamment les églises africaines », analyse Odon Vallet. Il retourne en Guinée. Les circonstances politiques et historiques vont très rapidement lui permettre de grimper dans la hiérarchie de l’église locale.
Le régime d’Ahmed Sékou Touré, d’inspiration socialiste et marxiste s’en prend à la petite communauté chrétienne, dans un pays majoritairement musulman. Le jeune Robert Sarah remplace ceux qui ont disparu dans les purges, à des postes clés du clergé local. Il devient à 34 ans, en 1979, le plus jeune évêque au monde.
V.A.