Des pays européens ont séquestré et transporté de force plus de 12 millions d’Africains pour les réduire en esclavage au Nouveau Monde. Maintenant, il est temps de payer la note. C’est du moins ce que veut la Communauté des Caraïbes, qui entend demander de l’Angleterre, l’Espagne, la France, le Portugal et les Pays-Bas une compensation et des excuses officielles pour l’esclavagisme dont ils se sont rendus coupables.
Les racines du phénomène remontent à la période du XVIe et XVIIIe siècle, quand ces pays se lancèrent dans le commerce triangulaire, très rentable et tout aussi inhumain. Ils importaient les Africains en masse des côtes ouest du continent noir jusqu’en Amérique, pour les y exploiter dans les plantations. De nombreux moururent en chemin, et ce ne furent pas les plus malchanceux.
Les pays des Caraïbes issus de cette tragique page de l’Histoire payent encore le tribut de ce passé qui leur a été imposé. Un prix bien lourd, autant du point de vue de l’économie et du développement que sur le plan social et culturel, ayant donné lieu à des peuples aux racines africaines coupées et encore douloureuses.
« Il n’est pas question de confrontation, mais simplement de faire entendre notre cause devant la Cour de Justice Internationale pour négocier » explique Verene Sheperd, qui dirige la Commission de Réparation de la Jamaïque. La Communauté des Caraïbes sera appuyée par le groupe Leigh Day & Co dans leur démarche juridique. L'organisation a déjà obtenu gain de cause dans une affaire similaire contre le Royaume Uni, en faveur des rebelles kényans Mau Mau et leurs descendants.
« Avant tout, nous voulons que l’Europe demande pardon. Jusqu’ici, les pays ont exprimé des regrets, mais aucun n’a véritablement demandé pardon. Par ailleurs, nous voulons des infrastructures pour le développement : des écoles, des centres de santé, des autoroutes, des hôpitaux » poursuit-elle.
L’Europe reconnaitra-t-elle ses torts et tendra-t-elle la main ? Cela reste à voir. La procédure n’est de toute façon pas pour tout de suite, puisque la première réunion des commissions de réparation des pays des Caraïbes n’aura lieu que début septembre, à Saint-Vincent-et-les-Grenadines, afin de mettre au point une stratégie commune.
La justice prend parfois du temps.
Afriquinfos