CAN-2012 : la Guinée équatoriale impose son exception administrative pour le "visa commun sécurisé" (PAPIER GENERAL)

Afriquinfos Editeur
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En marge de cette compétition qui débute samedi à Bata, sous l' égide de la Confédération africaine de football (CAF), qui leur en a confié l'organisation, ces deux pays de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) ont convenus d' instituer un visa unique ou "visa commun sécurisé" se présentant " sous la forme d'une vignette comportant le logo du comité d' organisation de la CAN (COCAN) 2012", d'après l'accord bilatéral.

"Les ressortissants des pays tiers détenteurs du visa commun sécurisé sont autorisés à transiter ou à résider pendant une période n'excédant pas 45 jours sur les territoires des deux pays", précise en outre le document.

Pour toute personne désireuse de se rendre à Malabo et/ou à Bata en provenance du Cameroun pour le grand événement qui se déroulera sans les Lions Indomptables, éliminés, un extrait de casier judiciaire, une déclaration légalisée sur le motif du séjour, un passeport, un carnet de vaccination international et deux demi-photos 4×4 récentes sont les pièces exigées, indique l' agent d'accueil, une dame, de l'ambassade de Guinée équatoriale dans la capitale camerounaise.

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Aucune autre indication n'est donnée, même concernant les frais de visa. "Je ne peux rien vous dire", affirme l'agent d'accueil qui ajoute aussitôt que la décision se rapportant à la délivrance du "visa commun sécurisé" institué par les deux coorganisateurs de la CAN-2012 est prise directement par les autorités équato- guinéennes à Malabo.

"On envoie le dossier en Guinée équatoriale et c'est eux qui décident si oui ou non le visa doit être délivré", souligne la dame.

En 2011 déjà, lors du sommet de l'Union africaine (UA) tenu fin juin-début juillet à Sipopo, la représentation diplomatique équato- guinéenne à Yaoundé conditionnait, en plus des pièces officiellement exigées, la délivrance du visa pour les journalistes par la présentation d'une lettre d'invitation officielle obtenue à partir de Malabo.

Faute de pouvoir accéder à un interlocuteur à un niveau plus important de la mission diplomatique, toute tentative ayant été vaine, il est également difficile de savoir ce qu'il adviendra d' un détenteur de ce visa spécial au cas où il aura été obtenu auprès des services consulaires du Gabon au Cameroun.

Par cette absence d'informations complètes, les autorités de Malabo, du moins leurs représentants à Yaoundé démontrent un constant d'avoir à gérer, en marge de la CAN-2012, un flux d' immigrants clandestins sur leur territoire, une préoccupation qui témoigne des blocages auxquels se heurte depuis de longue date la mise en circulation du passeport communautaire CEMAC pour illustrer la libre circulation des personnes et des biens.

"Après la CAN, vous devez quitter immédiatement le pays, au risque d'être considéré comme un clandestin", a d'ailleurs prévenu une responsable administrative de l'ambassade. C'est une mise en garde qui appelle à se rafraîchir la mémoire au sujet des expulsions régulières de ressortissants étrangers avec en tête des Camerounais qualifiés de "clandestins" en Guinée équatoriale, un eldorado pétrolier attirant des adeptes de l'aventure mais aussi des travailleurs en tous genres pour ses innombrables chantiers d' infrastructures.

Bien qu'il demeure également réticent vis-à-vis du passeport communautaire, le Gabon affiche cependant un état d'esprit différent dans la délivrance du "visa commun sécurisé" de la CAN et ses services consulaires à Yaoundé rappellent que leurs voisins équato-guinéens sont tenus, de par leur accord bilatéral, d'en appliquer les mêmes conditions.

D'après cet accord, ce visa est, d'une part, délivré aux ressortissants des pays qualifiés à la CAN "sur présentation d'un passeport en cours de validité, d'un certificat international de vaccination ou tout autre document similaire agréé". Puis d'autre part, "aux ressortissants de tout autre pays désireux d'assister à la compétition sur présentation d'un passeport en cours de validité ou de tout autre document de voyage transfrontalier dûment agréé".

Cette autre catégorie est aussi soumise à la présentation d'une réservation d'hôtel ou tout autre justificatif d'hébergement.

Le "visa commun sécurisé" est à la fois gratuit et payant, précise-t-on à l'ambassade du Gabon dans la capitale camerounaise. Gratuit pour les membres exécutifs de la CAF et leurs invités, les délégations officielles des équipes qualifiées à raison de 30 membres par équipe, les officiels des matches et les sponsors officiels ; payant à présent pour les journalistes, les techniciens de presse et les supporters.

Pour ce dernier cas, les frais s'élèvent à 30.000 francs CFA (environ 60 USD).

La durée de validité du visa est étendue jusqu'à 15 jours après la clôture officielle de la CAN, mentionne l'accord gabono-équato- guinéen par lequel les deux pays annoncent en outre avoir institué trois points de passage ou d'entrée, "indépendamment des passages internationalement admis tels que les aéroports et les ports de chacun" d'eux.

Il s'agit de Bitam (Gabon)/Ebibeyin (Guinée équatoriale), Oyem (Gabon)/Mengomo (Guinée équatoriale) et Cocobeach (Gabon)/Cogo (Guinée équatoriale).

Appuyée par le personnel de la chancellerie gabonaise à Yaoundé, une équipe de la direction générale de la documentation et de l’immigration a été spécialement dépêchée de Libreville "depuis une dizaine de jours pour la délivrance de ce visa jusqu'à jeudi soir". Ce qui revient à dire que dès vendredi, le "visa commun sécurisé" de la CAN-2012 ne sera plus délivré par les services consulaires gabonais à Yaoundé.