Cameroun/Accident ferroviaire: une pluie de critiques s’abat sur la Camrail

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YAOUNDE (© 2016 Afriquinfos) – 5 jours après le drame d’Eseka (79 morts selon les sources officielles) qui secoue le Cameroun, la colère n’est toujours pas dissipée. Au contraire, elle s’amplifie de façon virulente à l’égard de la société Camrail appartenant au groupe Bolloré, la multinationale française.

En attendant les conclusions de l’enquête officielle ouverte, les accusations sont vives sur la toile. C’est un texte dont on ignore la signature parti des réseaux sociaux qui indexe le groupe français. Selon le texte, c’est la négligence qui aurait conduit à l’accident du train. Les responsables de la société Camrail n’auraient pas pris en compte les avertissements d’un cheminot qui avait détecté des défaillances au niveau du freinage des voitures.

Une accusation qui semble corroborer les hypothèses de certains témoins. «Je venais juste de me réveiller, mais je crois que le train roulait vite (…) Il part normalement à 10h30, il est parti vers 11h15, 11h30, donc il avait du retard. Je pense qu’il (NDRL, le conducteur) voulait gérer tout ça et c’est pour cela qu’il allait quand même vite par rapport à la vitesse habituelle», a expliqué le chanteur Koppo qui faisait partie des voyageurs du train. «Les wagons des classes inférieures avaient été bourrés, remplis, et certains n’avaient même pas acheté les tickets, ne s’étaient pas fait identifier. On leur disait: «Allez-y, on va gérer à Douala» et ce sont ces gens-là qui ont le plus été touchés», a-t-il ajouté. Serge Anango, qui faisait aussi  le voyage a renchéri. Il  pense que le conducteur «n’a pas su freiner son train à la descente d’une colline. Je ne peux pas vous dire s’il a fait un excès de vitesse, mais en tous cas, il a pris un virage au-delà de la vitesse qu’il fallait».

«C’est la volonté du groupe en coordination avec les autorités au fur et à mesure où les informations sont connues de les faire connaître pour que tout le monde puisse comprendre les circonstances de ce drame. Aujourd’hui, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, ce sont des catastrophes complexes qui en fait se produisent avec l’alignement de beaucoup de paramètres qu’il faut d’abord analyser», a tenté de calmer Eric Melet, émissaire de Vincent Bolloré au Cameroun. Aussi, dans un communiqué, la société Camrail, filiale de Bolloré Africa Railways, assure-t-elle «mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour prendre en charge les personnes blessées et assurer un soutien aux familles touchées par ce drame». Toujours dans le communiqué, Camrail rassure que «des enquêtes techniques sont menées pour déterminer les causes de cet effroyable accident et leurs conclusions, dès qu’elles seront connues, feront l’objet d’une communication».

Paul Biya écourte son séjour

Le président camerounais n’était pas au pays lorsque l’accident est survenu. Il est précipitamment rentré pour s’enquérir des nouvelles. «J’ai également prescrit que les formations hospitalières qui vont recevoir les blessés les soignent aux frais de l’État», a-t-il annoncé. Déjà, samedi dernier, le chef de l’Etat a décrété qu’une journée de deuil national sera observée ce lundi où les drapeaux ont été en effet mis en berne dans tout le pays.

Mais ces mesures urgentes sont loin de calmer les familles qui pleurent toujours leurs membres disparus.

«Nous sommes sans nouvelles de notre sœur depuis vendredi. Nous ne savons pas si elle est en vie ou pas. Hier, son téléphone sonnait, mais il ne sonne plus depuis ce matin. Son mari fait des recherches à Douala»,  se lamente une jeune Camerounaise.

Le bilan s’alourdit au fil des jours depuis le déraillement du train qui reliait Yaoundé à Douala, (à Eseka, est de Yaoundé) dans la mi-journée du vendredi 21 octobre. Selon la télévision nationale, un bilan initial a établi au moins 60 morts et plus de 600 blessés. Mais pour l’Agence de presse britannique «Reuters», le drame a fait  «au moins 75 morts».  «Nous redoutons que le bilan ne s’alourdisse», craint un responsable de la Camair qui a requis l’anonymat. Il était environ 10 heures quand le train  qui transportait environ 1.400 passagers a quitté la gare de la capitale. Il a déraillé dans la mi-journée dans la ville d’Eseka.

Anani   GALLEY