Cameroun : Avenir incertain pour les boxeurs, cyclistes et rugbymen interdits de compétitions internationales

Afriquinfos Editeur
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La Fédération camerounaise de cyclisme essaye d'occuper les coureurs, à travers l'organisation d'un championnat national de cyclisme. Trois courses ont été organisées en mai, et au mois de juin, dans le Sud-ouest et à Ngaoundéré, ville de la région septentrionale. La prochaine course se déroulera dans la région du Littoral, du 19 au 27 juillet.

"Parce que le tour cycliste du Cameroun est suspendu des compétitions internationales, nous avons décidé de créer des courses au niveau de chaque région pour permettre à nos cyclistes de rester en jambe", a expliqué à Xinhua, le président de la Fédération camerounaise de cyclisme, Moustapha Dogo.

Le Cameroun a été suspendu au mois de février par l'Union cycliste internationale (UCI) en raison de la mauvaise organisation des éditions 2010 et 2011de son tour cycliste. Les manquements relevés sont le non respect des heures de départ aux différentes étapes, le non paiement des primes aux coureurs, et aussi des difficultés rencontrées au niveau des moyens de transport et de l'hébergement des délégations étrangères.

La Fédération camerounaise de cyclisme pourra prétendre organiser ou participer de nouveau à une compétition internationale qu'à partir de 2014, à condition que les responsables de la fédération et le gouvernement par le biais du ministère des Sports et de l'Education physique donnent toutes les garanties pour une gestion efficiente des fonds alloués à la compétition.

Au niveau de la boxe, par contre, "il faut laisser que les choses se calment d'elles-mêmes au plan national. Plus tard, nous allons solliciter l'appui du gouvernement, pour négocier notre réintégration auprès de l'association internationale de boxe amateur", a précisé le président de la Fédération camerounaise de boxe, Justin Tchwem.

L'association internationale de boxe amateur (AIBA) a pris la décision de suspendre définitivement le Cameroun des compétitions mondiales pour «interférence claire dans l'autonomie d'une fédération sportive nationale et violation des statuts et règlements de l'institution mondiale ainsi que du principe d'autonomie contenu dans la Charte olympique".

Dans ce courrier daté de mars, avec ampliation au président de la Confédération africaine de boxe, Abdellah Bessalem, l'AIBA affirme qu'elle ne reconnaît pas le nouveau bureau de la Fédération camerounaise de boxe dirigé par Justin Tchwem. Ce dernier doit son élection à l'annulation par le ministère des Sports, de la candidature du président sortant, Bertrand Mendouga, pour mauvaise gestion et détournement présumés des fonds publics.

En attendant la levée de la suspension, Justin Tchwem, ancien entraîneur de boxe du Cameroun, organise des séances d'entraînement nocturnes chaque fin de semaine à Yaoundé, dans un vieil hangar construit au début des années 1960.

La décision de l'AIBA a déjà des conséquences graves. Le Cameroun, qui compte pourtant plusieurs jeunes champions d'Afrique, ne prendra pas part aux championnats d'Afrique de boxe senior prévus en septembre à l'Ile Maurice.

En plus, le championnat d'Afrique Centrale de boxe qui devait se dérouler à Yaoundé en avril a été annulé malgré la confirmation par les autorités camerounaises de la participation de plusieurs pays.

Egalement, les rugbymen camerounais sont réduits au chômage forcé car tous les championnats nationaux de rugby sont à l'arrêt. Une correspondance du secrétaire général de la Confédération africaine de rugby (CAR), Mervin Green, confirme cette exclusion, citant plusieurs griefs dont le fait pour le Cameroun de n'avoir pas participé aux tournois continentaux organisés en 2012, l'absence d'une vraie politique de développement de rugby ainsi que des infrastructures.

Selon les informations recueillies au ministère des Sports et de l'Education physique, ces manquements ont engendré à la CAR des pertes financières de 57 millions de FCFA (environ 114.000 USD).

La réadmission du Cameroun aux compétitions ne pourra se faire sans un audit préalable des équipes techniques de la CAR. Cet audit sera présenté au comité exécutif de la CAR qui statuera sur une réintégration ou non du Cameroun en 2014.

Dans tous les cas, le Cameroun sera relégué en deuxième division de rugby africain. Une décision dommageable dans la mesure où elle entraîne automatiquement la suppression des subventions de l'International rugby board (IRB) et la non participation aux compétitions organisées par l'IRB.

C'est pratiquement tout le mouvement sportif camerounais qui se retrouve paralysé à la suite de la décision prise le 4 juillet par le Comité d'urgence de la FIFA, de suspendre provisoirement la Fédération camerounaise de football pour motif d'ingérence gouvernementale dans le processus électoral.

Il est reproché aux pouvoirs publics de ce pays de l'Afrique centrale d'avoir violé les articles 13 et 17 des statuts de la FIFA qui impose à ses 209 associations membres de gérer leurs affaires de manière indépendante et sans l'influence de tiers.

En plus du football, de la boxe, du cyclisme et du rugby, 17 autres fédérations sportives civiles nationales, sur la quarantaine existantes, sont également suspendues au plan local par le ministère des Sports pour "la non-fonctionnalité et l'existence des ligues régionales des sports civiles". Des comités techniques pour accompagner ces associations dans leurs réformes seront créés prochainement par le ministre des Sports, Adoum Garoua.