Trois ans après la précédente tenue en 2009 à Bali en Indonésie, la 17e conférence internationale sur la recherche cacaoyère réunit jusqu'au 20 octobre dans la capitale camerounaise plus de 150 chercheurs de plus de 30 pays des cinq continents sur le thème « améliorer la rentabilité des petites et moyennes exploitations : clé principale pour une économie cacaoyère mondiale durable ».
Partant des exemples de la Côte d'Ivoire, premier producteur mondial qui produit 1,4 million de tonnes production où il représente 40% des recettes nationales d'exportation, du Ghana ( deuxième producteur) et du Cameroun (cinquième producteur) qui en sont chacun à 30%, le cacao continuera à jouer un rôle essentiel, a estimé Paul Hardley, président de la conférence.
De l'avis du ministre camerounais du Commerce Luc Mbarga Atangana dans son allocution, parce que « contrairement à d'autres spéculations agricoles, la culture du cacao se prête difficilement à la mécanisation et à une exploitation de type industriel », « il y a fort à parier que dans ce contexte, la production du cacao restera pendant longtemps encore le fait de « petits exploitants ».
En général, ces planteurs qui permettent de pérenniser une culture introduite depuis plus de 200 ans dans la plupart des pays producteurs exploitent des surfaces variant de 0,5 à 5 hectares pour des plantations datant pour la majorité de plus de 50 ans, précise le secrétaire général de la COPAL, Coulibaly Nanga.
Alors que un million sont recensés en Côte d'Ivoire, le Cameroun dénombre 600.000 producteurs pour une production estimée à plus de 220.000 tonnes lors de la campagne 2010-2011.
Mais paradoxe : « Dans le scénario actuel, les exploitants ne tirent en effet pas suffisamment de revenus de la cacaoculture pour pouvoir vivre décemment et produire durablement », regrette Mbarga Atangana pour qui la conjugaison de divers facteurs a maintenu et continue de maintenir les producteurs de cacao dans une pauvreté persistante.
Au rang des problèmes énumérés, figurent le vieillissement du verger et des cacaoculteurs, la faible rentabilité des exploitations due à la dégradation des sols, l'inefficacité des organisations des producteurs, la concurrence d'autres cultures telles que l'hévéa, le palmier à huile ou les cultures vivrières puis l'inadaptation de l'outil de production.
En plus également du phénomène de changements climatiques, Paul Hardley mentionne en outre le défi lié aux maladies (dont la pourriture brune par exemple) et aux insectes ravageurs qui affectent les rendements et la qualité du produit commercialisé.
Du coup, s'écrie le ministre camerounais du Commerce, « la 17e Conférence internationale sur la recherche cacaoyère intervient dans un contexte marqué par un certain scepticisme, sinon un réel pessimisme quant aux perspectives d'avenir, en termes de durabilité de la cacaoculture dans nombre de nos pays », en particulier africains.
Pour le secrétaire général de la COPAL (organisation basée à Lagos au Nigeria), partout, la cacaoculture est confrontée à des problèmes d'ordre génétique, phytosanitaire, agronomique ou technologique ».
La production de plus 3,9 millions de tonnes déclarée lors de la saison 2010-2011 démontre une nette augmentation comparativement à 2009-2010 où elle est estimée à 3,6 millions. « De par la mise en place de nouvelles cacaoyères pour rénover justement ces plantations-là, on se retrouve avec des plantations qui rentrent en production et cela contribue effectivement à faire augmenter la production », a expliqué à Xinhua Coulibaly Nanga.
« Ce n'est pas une augmentation constante. Donc, ça dépend des années », ajoute le responsable qui affirme par ailleurs l'impact des changements climatiques « qui entraînent parfois soit une réduction de la production soit une augmentation de cette production ».
Face notamment aux changements climatiques, la recherche scientifique est, selon lui, interpellée pour mettre au point des variétés résistantes à la sécheresse par exemple et faire en sorte que même s'il y a des pluies excessives, celles-ci n'influent pas beaucoup sur la production.
C'est l'un des thèmes de réflexion des travaux en ateliers au menu de la conférence, avec la question de la génétique, la sélection des plants, la commercialisation, le transfert de technologies, d'après le canevas indiqué par Hardley.
Le ministre camerounais du Commerce a souhaité d'examiner aussi l'amélioration des informations sur les ressources cacaoyères nationales, le renforcement des capacités d'analyse du marché ou encore les nouveaux services attendus des structures d' encadrement des cacaoculteurs face aux défis de la traçabilité et de la certification.
De ces travaux, des propositions sont notamment attendues pour concourir à l'amélioration de la qualité du matériel végétal et des itinéraires techniques disponibles, puis à une gestion plus efficace de la filière en vue d'une meilleure industrie cacaoyère.
L'attention est aussi portée sur la mobilisation de financements, tendon d'achille de la production cacaoyère en Afrique, pour une recherche scientifique plus porteuse et davantage novatrice. En réponse aux ressources limitées octroyées par les gouvernements africains, Paul Hardley suggère le renforcement des partenariats public-privé.