Un véritable défi à l'heure du phénomène des changements climatiques et de la perspective de l'entrée en vigueur de nouvelles de commercialisation liées à la certification annoncées par l'Union européenne (UE), principale destination du cacao produit dans le monde, les principaux ravageurs et maladies indigènes citées sont les mirides, les pentatomes, le foreur des tiges, la pourriture brune et le virus de l'oedème des pousses du cacaoyer.
« Les pertes annuelles mondiales de cacao dues aux insectes ravageurs sont estimées à 558.000 tonnes, et au Ghana les seules mirides entraînent des pertes de rendement d'environ 25% en l'absence de mesures de lutte », révèle une étude d'un groupe de chercheurs ghanéens conduite par Angela A. Amoah dont Xinhua une présentation.
D'après l'enquête intitulée « Fèves de cacao collées : nouvelle cause majeure de pertes après récolte pour le cacao », « les cabosses de cacao infectées par le CSSV, une espèce d'insecte ravageur, deviennent plus petites et arrondies, presque sphériques, avec un poids qui correspond presque à la moitié du poids normal des fèves par cabosse. Ces fèves sont généralement plates et ont souvent des cotylédons pâles ».
Une autre famille de chercheurs emmenée par l'Américain Brett M. Tyler explique que les facteurs les plus importants limitant la production cacaoyère sont de loin les champignons et oomycètes pathogènes. « La maladie la plus destructrice provoquée par les oomycètes, décrit celle-ci, est la pourriture brune des cabosses causée par Phytophthora megakarya, P. palmivora, P. capsici et P. citrophthora ».
L'équipe d'Angela Amoah rend cette maladie responsable de 4,9 à 19% des cas d'infections causées par P. phytophtora dans le cadre des pertes de cabosses dues et, plus important, 60 à 100% des cas d'infectées causées par P. megakarya, reconnue par tous les chercheurs comme l'espèce la plus agressive et la plus destructrice aussi.
Le Français Michel Ducamp et d'autres collègues africains l' identifient comme l'espèce de pourriture brune qui concerne l' Afrique, premier continent producteur de cacao avec 70 à 75% de la production mondiale sur un total de 3,9 millions de tonnes en ce moment dont 1,4 million fourni par la seule Côte d'Ivoire, premier mondial.
Le groupe de l'Ivoirien Koffie Kouakou détecte aussi le virus du swollen shoot du cacaoyer (famille des Caulimoviridae, genre Badnavirus), transmis par des cochenilles et présent dans toute la zone de production cacaoyère de l'Afrique de l'Ouest.
« Les symptômes caractéristiques de la maladie, note le chercheur associé à d'autres nationalités, sont le rougissement des nervures des jeunes feuilles et le gonflement des tiges et des racines. Malgré les nombreuses campagnes d'éradication depuis son émergence dans les années 20, la maladie n'est toujours pas significativement enrayée ».
A en croire ces chercheurs, de nouveaux foyers continuent d' apparaître dans des zones jusque-là indemnes, particulièrement dans différentes régions de Côte d'Ivoire, à l'Ouest du Ghana et dans le Litimé, principale région cacaocole du Togo.
Alors que le foreur de cabosses Conopomorpha cramerella ( Snellen) est déclaré endémique dans le Sud-Est de l'Asie, les ravages du balai de sorcière sont décrits comme pouvant entraîner une réduction du rendement de 70%.
« L'application de chimiques pour le contrôle de nombreuses maladies est encore le traitement le plus utilisé, tandis que les méthodes d'induction de résistance sont moins employées », observe pour sa part le Brésilien Cristyan Nery do Counto.
Pour l'équipe du Ghanéen Anthony R. Cudjoe, les plantes parasites, comme le gui et les épiphytes, représente une autre menace émergente pour la production cacaoyère en Afrique et de fortes inquiétudes sont exprimées de voir une diffusion des maladies et ravageurs limités aux pays d'Amérique latine et d'Asie sur ce continent.
Le Brésilien Ednailza Miranda Carvalho Aboboreira et son groupe rappellent que le cacao (Theobroma cacao) est une espèce diploïde, généralement allogame, souvent multipliée par des semences d'hybrides interclonaux. « Malheureusement, l'utilisation de clones fortement hétérozygotes aboutit à des hybrides présentant une forte variabilité génétique ».
Selon eux, une alternative pour réduire cette variabilité consiste à utiliser les hybrides issus de lignées pures, mais l'obtention de ces lignées par les méthodes conventionnelles ( autopollinisations successives) requiert du temps et des surfaces importantes. Or, en Afrique particulièrement, la plupart des exploitations varient généralement entre 0,5 et 5 hectares.
En 2008, le Centre international de recherche pour le développement agricole (CIRAD), Biodiversity International et Event International ont lancé des cérémonies pour le Cacao d' Excellence (CoE) et les International Cocoa Awards (ICA). Objectif: sensibiliser les producteurs et d'autres parties prenantes de l' industrie cacaoyère aux opportunités pour toute la filière d' établir une distinction pour le cacao de qualité.
L'initiative vise aussi à faciliter les contacts entre les producteurs de cacao et les fabricants de chocolat, puis de stimuler la capacité des pays producteurs à chercher, évaluer et promouvoir la production de cacaos de haute qualité.
A Yaoundé, depuis ce lundi jusqu'à vendredi, la 17e conférence internationale sur la recherche cacaoyère réunit plus 150 chercheurs de plus de 30 pays du monde sous le thème « améliorer la rentabilité des petites et moyennes exploitations : clé principale pour une économie cacaoyère mondiale durable ».