Cacao : Un million de tonnes supplémentaires à fournir face à une demande croissante d’ici à 2020

Afriquinfos Editeur
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Une semaine après les travaux de la 75e Assemblée générale de l' Alliance des pays producteurs de cacao (COPAL, basée à Lagos au Nigeria), la 17e conférence internationale sur la recherche cacaoyère examine les défis et enjeux majeurs de ce secteur à travers le thème « améliorer la rentabilité des petites et moyennes exploitations : clé principale pour une économie cacaoyère mondiale durable ».

Selon Martin Glimour de Mars Chocolate en Grande-Bretagne, « le secteur cacaoyer aurait besoin qu'un million de tonnes de cacao supplémentaires soient produites d'ici 2020 si l'on veut que l' offre suive le rythme actuel de croissance de la consommation », amplifié surtout par les marchés en expansion rapide en Asie, en concurrence avec le grand marché d'Europe.

Au cours du 20e siècle déjà, a noté une équipe de chercheurs nigérians du Cocoa Institute of Nigeria, il a été observé une augmentation considérable de la production, qui a atteint plus de 3 millions de tonnes. A l'heure actuelle, les statistiques publiées l'établissent à 3,9 millions de tonnes dont 1,4 millions de tonnes en provenance de la Côte d'Ivoire, premier producteur mondial.

Avec le Ghana, le Nigeria, le Cameroun et d'autres petits producteurs associés tels que le Togo, le Gabon ou encore le Congo, l'Afrique à elle seule représente entre 70 et 75% de cette offre qui repose essentiellement (plus de 95%) entre les mains des petites et moyennes exploitations.

Mais à l'instar de la limitation recommandée par l'Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) à ses membres pour, justifie-t-on, éviter une perturbation du marché par une baisse des cours, les acteurs de l'industrie cacaoyère africaine ne se montrent pas pour l'instant enthousiastes pour un relèvement de leur production.

Par exemple pour la Côte d'Ivoire dont le potentiel de production est déclaré jusqu'à 3 millions de tonnes l'an, Edmond Venance Kodjo, conseiller technique chargé des matières premières au ministère du Commerce, a affirmé à Xinhua que maintenir cette production entre 1,2 et 1,4 million de tonnes l'an permet effectivement de stabiliser les cours mondiaux.

Pour commencer, le climat est à la morosité. Il est décrié l' iniquité dans les prix appliqués aux producteurs. « Malgré la hausse observée des prix versés aux producteurs ces quatre dernières années, la plupart de nos producteurs vivent en dessous du seuil de pauvreté, et n'ont généralement pas les moyens de mener une vie acceptable du point de vue économique », souligne ainsi l'Office national du cacao et du café (ONCC) du Cameroun.

Au plan local, un constat établi par des chercheurs du Cocoa Research Institue of Ghana et qui se vérifie même au Cameroun explique que « les agriculteurs sont exploités à travers le réglage des balances, une sous-facturation, des fraudes sur le paiement des primes et le conditionnement des prêts à l'hypothèque de leurs exploitations. Les responsables des achats deviennent de plus en plus souvent un fléau pour les agriculteurs ».

Ajoutée à d'autres sources de préoccupation comme le vieillissement du verger et des cacaoculteurs, l'inorganisation de ces mêmes producteurs, la concurrence d'autres cultures telles le palmier à huile et l'hévéa et l'inadaptation de l'outil de production, cette situation limite la rentabilité des exploitations, décrit-on.

Pourtant, rappelle l'ONCC, « des principaux produits agricoles d'exportation que le bois, le café, la banane et le cacao, ce dernier constitue le produit possédant la balance commerciale des échanges extérieurs la plus élevée. La position relative et stratégique des exportations de cacao dans l'économie nationale est la même depuis plus de quatre ans ».

Concernant le marché international maintenant, le Pr. Malachy O. Akoroda, directeur exécutif du Cocoa Research Institute of Nigeria, s'est offusqué à Xinhua que « face à des millions de producteurs, cinq grandes industries mondiales déterminent le prix qui n'attire pas les planteurs ».

Comme riposte, il préconise plutôt une augmentation de la consommation locale et une réduction des quantités de cacao exportées pour pouvoir obtenir une hausse des prix au profit notamment des producteurs.

La question a d'ailleurs meublé la réflexion des délégués aux travaux à huis clos de la 75e Assemblée générale de la COPAL du 8 au 12 octobre dans la capitale camerounaise. Rien n'a filtré au sujet des propositions et recommandations.