Burundi: le Gouvernement et les organisations internationales s’écharpent toujours autour des droits humains

Afriquinfos
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Selon l’ONG, «des membres de la police et de la Ligue des jeunes du parti au pouvoir, les (Imbonerakure), ont également commis de graves abus». Ces accusations ne datent pas d’hier: voilà des années que HRW dénonce, témoignages à l’appui, les méthodes du SNR, le bras armé le plus zélé du régime Nkurunziza, et pointe du doigt le rôle joué dans la répression par les Imbonerakure, considérés comme une milice au service du pouvoir. D’autres rapports évoquent les mêmes abus. L’ONU a notamment recensé 651 cas de torture au Burundi entre avril 2015 et avril 2016.

Par ailleurs, le rapport précise que  «les cas de torture et de mauvais traitements semblent s’être de plus en plus généralisés, et les techniques de torture semblent être de plus en plus brutales (…) S’il est difficile de déterminer l’ampleur exacte des abus, le nombre de personnes torturées par des agents du SNR à travers le pays est très probablement bien plus élevé que le nombre de cas documentés par Human Rights Watch».

Quelques méthodes de tortures

Dans son rapport, l’ONG détaille quelques-unes des techniques employées par les agents du renseignement pour faire parler, ou simplement pour punir les sympathisants présumés de l’opposition.  «Ils ont frappé des détenus à coups de marteau et de barres en acier, telles celles utilisées dans la construction, leur ont planté des barres en acier aiguisées dans les jambes, ont versé du plastique fondu sur eux, ont noué des cordes autour des parties génitales des hommes, et leur ont envoyé des décharges électriques», précise HRW.

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Pour leur part, les autorités burundaises nient les allégations de cette organisation spécialisée dans la lutte des droits de l’homme.  Il est «impensable que de tels actes soient commis par des policiers», a déclaré  le ministre de la Sécurité publique, Alain Guillaume Bunyoni, l’un des hommes de confiance de Pierre Nkurunziza, considéré comme un dur. Il a également a nié le rôle prêté aux Imbonerakure.

Outre la croissance des tortures au Burundi, il semblerait également  que le SNR «dispose de prisons clandestines sur lesquelles nous ne pouvons exercer aucun contrôle» : une hypothèse également avancée par HRW et par plusieurs sources onusiennes. L’ONG rappelle d’ailleurs qu’en avril, la CPI a annoncé l’ouverture d’un examen préliminaire de la situation au Burundi. «Le président Nkurunziza porte la responsabilité finale des actes de torture commis par les services de renseignement nationaux et par la police, aussi il devrait prendre les mesures qui s’imposent», estime Daniel Bekele, directeur de la division Afrique de HRW. Les  méthodes de tortures  employées au Burundi sont pareilles à celles utilisées par la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS) au Tchad dans les années 1980, qui ont valu à Hissène Habré d’être condamné à la prison à vie le 30 mai dernier à Dakar.

Akpene VIGNIKPO