Madagascar: la lutte contre la vente illicite des médicaments s’avère difficile

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Le comité national de lutte contre le marché illicite de médicaments (CNLCMIM) semble déjà être fatigué de poursuivre les vendeurs illicites de médicaments. Ce comité préfère de faire connaître à la population le danger de l'achat de médicaments dans les coins de rues que de descendre sur terrain pour saisir les médicaments suspects dans les quartiers et épiceries de la grande île.

"La sensibilisation des habitants est beaucoup plus importante que l'arrestation des vendeurs illicites de médicaments. Si nous arrêtons les trafiquants aujourd'hui, ils sortiront dans une semaine", a dit la présidente du CNLCMIM,  Baovola Rajaosafara, mercredi lors d'une conférence de presse.

Pour concrétiser leur stratégie le CNLCMIM organisera un carnaval de sensibilisation les 11 et 12 novembre prochain, en vue de la lutte contre la vente illicite de médicaments.

Une mère de famille malgache a indiqué à Xinhua jeudi, qu'à cause du coût des médicaments à la pharmacie, elle n'y allait plus depuis qu'elle a connu les vendeurs de médicaments à Ambohipo, quartier de la capitale très célèbre pour la vente illicite des médicaments.

"Actuellement, presque la plupart des épiceries de la capitale vendent des médicaments, on ne se déplace plus à la pharmacie pour acheter les médicaments ordinaires comme paracétamol, tétracycline ou aspirine", a expliqué la mère de famille.

Un vendeur illicite de médicament, sous couvert d'anonymat, a dévoilé que les vendeurs des médicaments à Ambohipo ne sont que des employés. Leurs chefs sont des hommes riches associés aux médecins qui connaissent bien les médicaments. "Ce réseau implique beaucoup de techniciens, allant des agents de la douane jusqu'au fonctionnaire des ministères", a-t-il dit en concluant que ce sera difficile pour l'Etat d'éradiquer cette pratique parce que les hommes riches qui l'exercent y multiplient leurs argents.

Selon un pharmacien malgache, la faiblesse des sanctions contre cette pratique encourage les vendeurs illicites à continuer leurs habitudes. "Les sanctions pour ceux qui sont interceptés sont insignifiantes. Il faut créer une nouvelle loi pour lutter contre cette pratique", a-t-il exprimé.

D'autres raisons qui encouragent la vente illicite des médicaments sont la pauvreté et l'importation des médicaments utilisés à Madagascar.

Le rapport de l'enquête auprès des ménages (EPM 2010), publié en septembre dernier par l'institut national de la statistique (INSTAT) montre que 11 millions des 21 millions d'habitants à Madagascar vivent dans la pauvreté extrême.

Pourtant, Madagascar dispose seulement deux industries pharmaceutiques agréés, dont la Pharmacie de Madagascar (Farmad) et l' Institut Malgache de Recherches Appliquées (IMRA). La plupart des médicaments dans les pharmacies sont importés.

Le fait d'importer des médicaments les rend chers dans le pays et encourage les Malgaches, dont le 80% ont un revenu de moins de 2 dollars par jour, d'acheter des médicaments chez les vendeurs illicites.

Certes l'Etat a réduit de 20% les prix des médicaments au niveau de tous les centres de santé publics du pays depuis le mois d'août dernier, mais un fonctionnaire du gouvernement a dit que rien ne garantit à la population malgache que cette initiative va continuer éternellement.