Tunisie : baisse de croissance à 1% en 2011 suite à la crise sociopolitique

Afriquinfos Editeur
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De même, le déficit financier augmentera de moins de 3% à 4,5%, cependant que la révision du budget entreprise par les nouvelles autorités prévoit un taux d'investissement de 80% en faveur des zones défavorisées, grâce au concours des institutions financières telles que la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale, a par ailleurs indiqué M. Nouicer.

 

Question : Les réformes politiques entreprises par les nouvelles autorités tunisiennes suscitent-elles finalement l' adhésion des Tunisiens ?

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Réponse : Après deux mois d'hésitation et de débats parfois houleux sur le plan politique, il y a maintenant un consensus général de tous les acteurs de la société civile, des acteurs politiques et de la population en général. Il y a un consensus sur un carnet de route clair et précis sur le chemin à faire dans les mois à venir. Il y a des élections qui vont se tenir le 23 octobre pour élire l'Assemblée constituante qui va jouer un triple rôle. En fait, elle va élaborer une nouvelle Constitution. Elle va également légiférer, puisqu'il n'y a pas de Parlement ; c'est le seul corps qui sera élu par la population, elle va donc jouer le rôle d'un Parlement et elle va également suivre le travail du gouvernement qui sera désigné à la suite des élections.

 

Q : Ces réformes prennent-elles en compte les aspirations particulières de la jeunesse qui a été le moteur de la révolution dite du jasmin ?

R : Ce que j'ai indiqué, c'est uniquement le carnet de route sur le plan politique sur les échéances à venir. Mais entretemps, le gouvernement provisoire a pris un grand nombre de mesures, que ce soit sur le plan économique, sur le plan social que sur le plan politique. Je commencerai par le politique où il y a eu une libéralisation totale de l'information et des médias. Il y a eu un grand nombre d'associations qui ont été autorisées, un grand nombre de partis politiques, à l'heure actuelle nous en avons 95 qui ont été autorisés, qui ont commencé à travailler et se préparent pour les élections du mois d'octobre.

Sur le plan économique, il y a eu un plan ambitieux qui a été soumis au G8 à Deauville récemment et qui donne une idée sur le chemin à suivre pour relancer la vie économique et surtout pour créer des emplois pour la jeunesse. Actuellement en Tunisie, il y a 700.000 chômeurs dont 150.000 jeunes diplômés n'ont pas de travail. Ces gens-là, c'est une priorité pour que la situation sociale se stabilise et pour que ces gens reprennent de en leur avenir et l'avenir de leur pays.

Sur le plan social, il y a eu des mesures pour compenser les gens qui ont perdu pendant les perturbations qui ont accompagné la révolution, leur petit commerce, leur emploi ou leur foyer, etc. Il y a eu une autre décision qui s'adresse aux jeunes diplômés qui n'ont pas trouvé d'emploi et qui les encourage à trouver de l' emploi. Parmi d'autres mesures sociales pour alléger la situation, il y a eu également une révision du budget de l'Etat. La révision a pour objectif de favoriser les régions qui ont été jusqu'à maintenant défavorisées sur le plan des investissements, des infrastructures, de la santé et de l'éducation. Donc, ces régions marginalisées vont recevoir dans le cadre du budget révisé 80% des investissements publics.

 

Q : Pour tous ces projets, des ressources financières sont- elles disponibles au niveau local ?

R : Je dois d'abord vous dire que la Tunisie n'est pas en faillite. Les finances tunisiennes sont relativement balancées, équilibrées. Le déficit qui a toujours été au-dessous de 3%, cette année il va évidemment grimper, mais pas beaucoup. Il va aller à 4, 5% pour 2011. La croissance qui a toujours été de 5% en moyenne, va connaître une baisse également ; elle sera de l'ordre de 1% en 2011 et c'est dû au fait que le secteur touristique est un peu sinistré à cause de ce qui s'est passé. Sur le plan des investissements également, il y a moins d'investisseurs qui ont l' intention de réaliser des projets. Il y a des projets qui ont été retardés, parce que les gens voulaient voir comment les choses vont évoluer.

Mais, dans tous les cas de figure, la situation financière et économique du pays n'est pas tragique. Mais seulement, pour créer plus d'emplois, pour pousser la croissance en 2011 et 2012, il a fallu s'adresser aux grands institutions financières comme la Banque africaine de développement et la Banque mondiale, aux pays amis qui croient en l'avenir économique, social et politique de la Tunisie pour demander des prêts ou des projets communs. Alors, tout cela a fait que la situation financière est relativement bonne, elle n'est certainement pas catastrophique.