Né en 1946, baptisé à 16 ans, Benedict Daswa enseigna, avant de prendre la direction de l’école primaire de Nweli, près de la frontière avec le Zimbabwe et le Mozambique. Catéchiste, il consacra l’essentiel de sa courte vie aux démunis.
Il milita ouvertement contre la sorcellerie et les pratiques dites « occultes ». Notamment, le « muti », une épreuve judiciaire par les éléments naturels, dont l’issue permet « d’établir » la culpabilité ou l’innocence d’un suspect. Grâce à ce rituel, on « sait », par exemple, qui a tué qui au village, qui a jeté la foudre sur la maison du voisin, et qui a « mangé l’âme » de l’enfant le plus brillant de la classe, etc.
Ayant refusé de participer à une ordalie visant à désigner les responsables après que la foudre eut frappé la région quelques mois plus tôt, Benedict Daswa fut lynché à mort par des villageois, un soir de février 1990. Les responsables de ce meurtre n’ont jamais été arrêtés. Un rapport éloquent de 850 pages consacré à la vie de l’ancien instituteur de Nweli vient d’être envoyé à la Congrégation vaticane des causes des Saints. Le document confirme que Benedict Daswa, père de huit enfants, est mort en martyr. S’il était béatifié, comme tout le laisse croire, il deviendrait le premier « bienheureux » (*) sud-africain.
(*) Un bienheureux, c’est une personne dont l’Eglise catholique a reconnu, par un acte solennel, les vertus et les mérites en autorisant qu’on lui rende un culte local. Le culte ainsi rendu aux bienheureux est plus restreint que celui réservé aux saints, qui est, lui, public et universel.