Cotonou (© 2025 Afriquinfos)- Tandis que des dirigeants africains s’activent à s’accrocher éternellement au pouvoir, le Président béninois Patrice Talon trace sa voie. Il a, une énième fois, laissé entendre qu’il ne sera pas candidat à la prochaine élection présidentielle, à quelques mois de la fin de son second mandat. Propos redits le vendredi 13 juin 2025, lors d’une rencontre inédite avec les acteurs de la décentralisation de son pays via un séminaire, le tout premier du genre regroupant l’ensemble du Gouvernement et les Maires.
«Mesdames et messieurs, je crois que je n’aurai plus l’occasion d’avoir une telle rencontre avant de passer la main. Je voudrais que mes propos soient perçus dans leur sincérité, dans leur solennité, pour dire combien je crois au destin du Bénin. Je crois en notre capacité de développement, en notre capacité de création de richesse. Et je n’ai qu’une prière: vivre un peu longtemps pour constater cela de mes yeux, de mes propres yeux», a déclaré le Président, face à un parterre d’acteurs politiques, institutionnels et techniques, le Chef de l’État a livré un discours solennel, teinté d’une sincérité rare et d’un profond attachement à l’avenir du Bénin.
Ainsi, il laissait transparaître une perspective de fin de mandat et d’héritage politique. Cette phrase, prononcée avec sobriété, résonne comme l’annonce de son départ. Bien que le président n’ait jamais formellement déclaré qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, cette sortie publique confirme ce qu’il avait toujours laissé entendre depuis sa réélection en 2021.
Le discours de Patrice Talon était empreint de gratitude, de solennité et d’une certaine mélancolie discrète. Le chef de l’Etat a salué la «franchise» et la «convivialité» des échanges avec les maires, tout en insistant sur la responsabilité collective des gouvernants à faire avancer le pays. Ce fut l’occasion pour lui de rappeler que le développement est possible, même «facile», mais qu’il requiert du temps et de la cohésion.
Loin d’un bilan formel, son propos a plutôt été un appel à la continuité dans l’action, une exhortation à la persévérance. «Je sais que nos travers du passé ne nous caractérisent plus», a-t-il affirmé, convaincu que le Bénin a tourné la page d’une gouvernance approximative.
Pour Talon, l’essentiel est ailleurs : inscrire dans la durée les réformes engagées. De la réorganisation territoriale à la gouvernance par la performance, il a laissé un modèle que ses successeurs devront soit approfondir, soit réorienter.
En rappelant que les maires, les ministres et le président ne sont pas en compétition, mais co-responsables du destin de plus de 13 millions de Béninois, il inscrit l’action publique dans un devoir collectif. Pour lui, l’exercice du pouvoir doit transcender les clivages politiques et identitaires. Il a appelé les élus à devenir les témoins de cet engagement devant le peuple.
Cependant, le Chef de l’Etat n’a toujours pas désigné de dauphin, laissant planer un suspense politique à l’approche de l’échéance de 2026. Mais l’annonce de son départ, aussi implicite soit-elle, est un tournant démocratique majeur au Bénin.
V. A.