Bénin : Paralysie de l’appareil judiciaire

Afriquinfos Editeur
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Ce mercredi, deuxième jour de grève des magistrats béninois, le Palais de justice de Cotonou et la Cour d'Appel de la même ville, capitale économique du Bénin, sont presque déserts.

Les salles d'audience sont vides; des instructions sont reportées; les bureaux des juges des neuf cabinets d'instruction du tribunal de Cotonou sont hermétiquement fermés.

 Par contre, au niveau de la présidence du Tribunal de première instance de Cotonou, l'administration fonctionne normalement et les usagers sont reçus comme d'ordinaire.

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 Interrogé par Xinhua, le secrétaire général du syndicat des travailleurs des services judiciaires et assimilés (SYNTRAJAB), M. Dénis Togodo, qui soutient le mouvement de grève des magistrats, a fait observer que depuis quelques années des crises répétitives secouent le secteur judiciaire du pays. "Ces crises créées et nourries par le pouvoir exécutif visent tout simplement à fragiliser le pouvoir judiciaire et à en faire un instrument à sa solde", a-t-il déclaré.

Selon le syndicaliste, par la publication de nominations de magistrats le 28 mai dernier pourtant contestée depuis 2012 par l'Union nationale des magistrats du Bénin (UNAMAB), parce que violant des principes basiques gouvernant la magistrature, une autre crise est gestation. "Malgré les multiples démarches de l'UNAMAB aux fins d'un règlement pacifique des problèmes nés de la dite publication, le gouvernement poursuit son élan comme à l'accoutumée, réunissant ainsi les ingrédients d'une nouvelle crise au niveau de l'appareil judiciaire béninois", a-t-il déploré, précisant que le SYNTRAJAB, condamne cette volonté répétée de vassalisation du pouvoir judiciaire par l'exécutif.

Selon le document publié par l'UNAMAB, il ressort que depuis le vendredi 17 mai dernier, après avoir rendu deux ordonnances concernant les deux affaires dans lesquelles le chef de l'Etat béninois est partie civile, le juge Houssou a été interpellé à la frontière de Kraké aux environs de 21h30 sur les instructions du directeur général de la Police nationale alors qu'il accomplissait les formalités de visa pour se rendre au Nigeria. Conduit à la direction générale de la Police nationale, il y a été gardé ses effets personnels fouillés et le contenu rendu public. Le lendemain à 7h20 minutes, il a été reconduit à son domicile sous escorte policière.

"Depuis lors, son domicile est assiégé par des agents dont il ignore l'identité. Ses mouvements sont contrôlés et parfois soumis à l'autorisation du directeur général de la Police nationale et du chef d'Etat-Major général des Armées", déplore le communiqué. En ce qui concerne les dernières nominations, l'UNAMAB note avec amertume qu'en 2011 des nominations à polémique de magistrats avaient été faites, et qu'en dépit des promesses faites par le gouvernement et le Conseil supérieur de la Magistrature, les corrections attendues ne sont pas jamais intervenues. Pire, les nominations du 28 mai 2013 plus que celles de 2011 violent non seulement les règles de préséance, mais également le principe de l'inamovibilité.