Bénin: Les Démocrates dénoncent les entraves à leur manifestation pacifique par le pouvoir Talon

Afriquinfos Editeur
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Logo du parti Les Démocrates du Bénin (Dr-Les Democrates Twitter)

Cotonou (© 2025 Afriquinfos)-  À la suite de l’interdiction de plusieurs activités de terrain de leur parti, les députés des « Démocrates » du Béninnont dénoncé, le mardi 11 février 2025 à Cotonou, des ‘’stratagèmes d’intimidation, de menaces et de restriction des libertés’’ imputés au régime de Patrice Talon, dans le cadre d’un potentiel nouveau hold-up électoral en 2026.

Les députés ont exprimé leur indignation face aux restrictions répétées affectant leurs activités politiques, lors d’une conférence de presse au siège national du parti. Dans une déclaration lue par le député Djima Kolawolé Ogbon, ils ont évoqué des constatations « inacceptables et révoltantes », appelant à un « sursaut patriotique ».

‘’Aucun peuple au monde n’accepte éternellement d’être relégué dans l’histoire, et les Béninois ne sont pas destinés à vivre comme des esclaves sur leur propre sol. Le Bénin est un, et il doit être le même pour tous. Il n’existe pas un Bénin pour l’UP le Renouveau, un Bénin pour le BR et un autre pour Les Démocrates’’, ont affirmé les députés.

Ils accusent le président Patrice Talon de chercher à maintenir le pays dans la servitude, utilisant « des stratagèmes d’intimidation, de menaces et de restriction des libertés » en vue des élections de 2026, ce qui, selon eux, constitue une atteinte aux normes démocratiques. Les députés mettent en cause la légalité des interdictions imposées par certains maires concernant les manifestations politiques.

Ils soulignent que la Constitution, la charte des partis politiques et le statut de l’opposition garantissent la liberté d’expression et le rôle crucial des partis dans la vie politique. Djima Kolawolé Ogbon a cité plusieurs exemples d’interdictions, dont celle d’une manifestation du mouvement DAV Assouka, lié au parti, qui devait se tenir dans un lieu privé à Adjagbo le 25 janvier 2025. Une manifestation de reddition de comptes des députés à Abomey-Calavi, prévue le 9 février 2025, a également été interdite, tout comme la tournée de reddition de comptes du député Nourénou Atchadé dans la commune de Ouaké.

Les députés soulignent que leur parti, Les Démocrates, est régulièrement constitué et compte 28 membres à l’Assemblée nationale, rappelant l’obligation légale des députés de rendre compte à leurs électeurs. Ils dénoncent une politique de deux poids, deux mesures, où les partisans du président peuvent promouvoir le régime librement, tandis que les activités de l’opposition sont entravées.

Le parti demande au chef de l’État d’interpeller les maires, les préfets et la police républicaine afin de mettre fin à ces violations des libertés fondamentales.

Une rencontre entre les deux parties pour un dénouement

Une délégation du parti d’opposition Les Démocrates a été en ce sens reçue conjointement par les ministres de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Allassane Seidou, et de la Décentralisation et de la Gouvernance locale, Raphaël Akotegnon ce 19 février.

Lors de cette rencontre, qui a duré plus de deux heures, les ministres Allassane Seidou et Raphaël Akotegnon ont écouté les doléances des membres du parti Les Démocrates. Ces derniers ont exprimé leurs préoccupations face à ce qu’ils considèrent comme une atteinte à leurs droits politiques, insistant sur le fait que leur parti est légalement constitué, représenté à l’Assemblée nationale et qu’il n’a jamais été impliqué dans des troubles à l’ordre public.

Les deux ministres ont pris note des plaintes et des suggestions du parti en vue de garantir le respect des libertés politiques, en conformité avec la charte des partis et la loi sur le statut de l’opposition. Ils ont également indiqué qu’ils allaient examiner la question avec leurs collaborateurs, ainsi qu’avec les maires et les préfets.

Les Démocrates dénoncent un déséquilibre dans l’application des règles, affirmant que, tandis que leurs manifestations sont interdites, celles des partis de la mouvance présidentielle sont autorisées.

De leur côté, les autorités gouvernementales ont avancé des motifs liés à la sécurité nationale, notamment la mobilisation des forces de l’ordre aux frontières du pays, comme une contrainte limitant la possibilité d’encadrer certaines manifestations. Un argument que le parti de l’opposition juge recevable uniquement s’il s’applique de manière égale à tous les partis.

À l’issue de cette réunion, les ministres ont promis de revenir vers le parti après consultation avec le chef de l’État. Cette rencontre marque une étape dans le dialogue entre l’opposition et le gouvernement sur la question des libertés politiques, à quelques mois des prochaines élections générales de 2026.

V.A.