Outre l'homme d'affaires, Patrice Talon, trois autres de ses collaborateurs directs, notamment le secrétaire permanent de l'Association interprofessionnel de coton, M Narcisse Djègui, l'administrateur de la CSPR, Bruno Roger Lokossou et le responsable de SOTICO, l'une des sociétés importatrices et distributrices d'intrants coton, Mathieu Adjovi.
"Le motif officiel de ces gardes à vue tous azimuts serait la clarification de la subvention d'intrants coton de la campagne agricole 2011-2012", a déclaré, M. Nestor Noutaï, contrôleur de gestion de l'Association interprofessionnel de coton.
Selon un communiqué du gouvernement en date du 10 avril dernier, le Conseil des Ministres a pris connaissance des conditions dans lesquelles une somme de plus de 12 milliards de francs CFA a été payée par la Bank Of Africa (BOA) à la CSPR pour la filière coton au titre des subventions des intrants pour la campagne 2011-2012.
"Sur la base des premières enquêtes, il ressort que c'est à la suite de deux séances tenues dans le bureau du Ministre de l'Economie et des Finances que, selon le directeur géréral de la Bank Of Africa, la décision d'un tel paiement aurait été prise avec l'accord du Ministre de l'Economie et des Finances, du directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique ainsi que du directeur général de la Centrale de Sécurisation des Paiements et de Recouvrement pour la filière coton (CSPR). Ce qui a donné effectivement lieu à la mise en place de ce crédit directement versé à la CSPR sur la base d'une convention signée entre la BOA et la CSPR et validée par le Ministère de l'Economie et des Finances", explique le document.
"Il est à noter que ladite convention porte la mention qu'il revient à l'Etat de rembourser la BOA, laquelle mention n'a pas été remise en cause ni par le ministre de l'Economie et des Finances, ni par le directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique", souligne la même source.
"Au plan technique, cette facilité de 12 milliards de francs CFA ainsi accordée est un endettement de l'Etat auprès des banques pour payer la CSPR. Or aucun ministre n'est autorisé à endetter l'Etat sans en avoir préalablement obtenu autorisation du Conseil des Ministres", précise la même source.
Selon le même document, le ministre béninois des Finances et de l'Economie, Mme Mathys Adidjatou, a forcé le paiement de cette subvention dont elle reconnait le montant trop élevé avec la complicité du directeur général du Trésor et de la Comptabilité Publique, en recourant au moyen de l'endettement bancaire alors que son rôle de gardien des finances publiques lui impose personnellement la prudence et le devoir de rappel à l'ordre à l'égard de ses collégues. Elle a agi sans en avoir informé le Conseil des Ministres, ni reçu l'autorisation de celui-ci.
"En définitive, bien que le ministre de l'Economie et des Finances ait eu l'accord de payer, face à l'indisponibilité de ressources propres, il lui revenait d'introduire un autre dossier en Conseil des Ministres pour solliciter l'autorisation de recourir à l'endettement auprès des banques. Ce qui n'a pas été fait", indique le communiqué.
"En raison de ce qui précède, le Conseil des Ministres a décidé de relever le directeur général du Trésor et de la Comptabilité Publique de ses fonctions pour négligence et légèreté", continue le communiqué.
Pour ces mêmes raisons, le ministre des Finances et de l'économie, Mme Mathys Adidjatou, a été limogée du gouvernement lors du dernier réaménagement technique du gouvernement béninois effectué le 10 avril dernier par le chef de l'Etat béninois Boni Yayi.