Avec ou sans le ‘Oui’ d’ADO, le RHDP lance ce 22 juin sa redoutable machine pour un 4è mandat

Afriquinfos Editeur
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Des partisans du Président ivoirien Alassane Ouattara, le 21 juin 2025 à Abidjan lors d'un rassemblement du parti au pouvoir.

Alassane Ouattara briguera-t-il en octobre 2025 un quatrième mandat à la tête de la Côte d’Ivoire? Sa réponse est attendue ce 22 juin lors d’un grand meeting au stade d’Ebimpé à Abidjan, au lendemain de sa désignation par son parti comme candidat à la présidentielle. 

La question agite les milieux politiques ivoiriens depuis des mois a fortiori depuis la publication de la liste électorale début juin qui exclut plusieurs figures de l’Opposition. M. Ouattara, 83 ans, entretient le suspens. En janvier, dans l’une de ses rares déclarations publiques sur le sujet, il avait simplement dit être « désireux de continuer à servir son pays ». Samedi, son parti, le RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix), l’a désigné à l’unanimité comme candidat pour la présidentielle.

Des partisans du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), parti du président ivoirien Alassane Ouattara, durant un meeting de campagne pour les législatives en Côte d’Ivoire, à Abidjan le 1er mars 2021.

Sa prise de parole dimanche dans le stade de 60.000 places  – qui porte son nom à Ebimpé et qui a vu la Côte d’Ivoire remporter la CAN en janvier 2024 – est donc très attendue. Acceptera-t-il directement d’endosser le costume du candidat ou demandera-t-il un délai de réflexion? « Il est obligé d’accepter et d’écouter le cri de ses enfants qui l’appellent à continuer l’aventure », prédit Honoré Adom, un cadre de la région de l’Indénié-Djuablin, dans l’est du pays. « Il peut réserver une surprise en déclinant la demande des militants et choisir un autre cadre pour représenter le RHDP à l’élection », tempère l’analyste politique Geoffroy Julien Kouao.

– Tensions politiques –

L’opposition, convaincue qu’il va se présenter, se dresse déjà contre une telle candidature, a fortiori après l’exclusion de leurs têtes d’affiches. L’ex-Président Laurent Gbagbo, son ancien bras droit Charles Blé Goudé et l’ancien Premier ministre en exil Guillaume K. Soro sont radiés de la liste électorale pour des condamnations en justice. Tidjane Thiam, leader du principal parti d’opposition, a lui aussi été écarté par la justice pour des problèmes de nationalité. Ces décisions judiciaires ont alimenté des tensions, l’Opposition estimant que le pouvoir choisit ses adversaires, tandis que les autorités nient toute intervention politique.

Côte d'ivoire
Alassane Ouattara et le RHDP (DR)

« Je ne peux pas rester silencieux devant les dérives qui veulent nous faire revenir au parti unique. Je ne peux pas accepter ça. Je n’abandonnerai pas le combat contre le quatrième mandat », a déclaré Laurent Gbagbo ce 19 juin. « La continuité conduira à l’instabilité, le changement conduira à la stabilité », ajoute Tidjane Thiam.

Au RHDP, où les réalisations économiques du Président arrivé au pouvoir en 2011 sont mises en avant, ce nouveau mandat est vu comme une évidence. « Au-delà des chiffres, c’est l’espoir qui a été restauré, c’est la dignité des Ivoiriennes et des Ivoiriens qui a été réaffirmée, c’est le développement qui est devenu une réalité dans les villes comme dans les villages », assure l’ex-Premier ministre Patrick Achi. La Côte d’Ivoire a plusieurs fois connu des violences lors de périodes électorales. Fin 2010 et début 2011, l’élection d’ Alassane Ouattara, contestée par son rival Laurent Gbagbo, avait fait au moins 3.000 morts.

Lors de la dernière présidentielle, l’Opposition avait contesté la constitutionnalité du troisième mandat d’Alassane Ouattara. Au moins 85 personnes ont été tuées dans des violences en marge de l’élection qui avait abouti à la réélection du Chef de l’Etat avec plus de 94% des voix. 

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