Ambitions françaises dans le Canal du Mozambique, intégration de Mayotte à la COI au centre du voyage de Macron dans l’océan Indien

Afriquinfos Editeur
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Le Président de Madagascar, Andry Rajoelina, le 31 janvier 2025 à Harare, au Zimbabwe.

Le Président français Emmanuel Macron et son homologue malgache Andry Rajoelina ont annoncé mercredi 23 avril 2025 un renforcement de leur coopération économique via plusieurs projets ambitieux, au premier jour d’une visite d’Etat à Antananarivo du leader de l’Hexagone.

Madagascar revendique les îles Eparses tout comme les Comores revendiquent l’archipel de Mayotte. Ces deux territoires français occupent une position stratégique dans le canal du Mozambique, carrefour stratégique du transport maritime international et riche en hydrocarbures. « Ces demandes de rétrocession, c’est un enjeu d’identité nationale, d’accès aux ressources et un moyen de pression pour obtenir autre chose » de la France, résume Denys-Sacha Robin, spécialiste en droit international de la mer à l’Université Paris-Nanterre (France).

Emmanuel Macron et son épouse sont accueillis par Andry Rajoelina au Palais présidentiel à Antananarivo, à Madagascar, à l’occasion d’une visite de deux jours visant à renforcer les liens bilatéraux.

Au sujet des îles Eparses, une « réunion de la Commission mixte franco-malgache » dédiée doit avoir lieu le 30 juin à Paris, ont annoncé les deux Chefs d’Etat. Paris privilégie une solution de type « cogestion », selon la Présidence française. Des souverainistes malgaches souhaitent à l’inverse que le Président Rajoelina remette la question de la rétrocession sur la table.

La question mémorielle liée à la colonisation reste aussi au coeur de la relation franco-malgache. M. Macron s’est ainsi engagé en faveur de la restitution de biens culturels. Le crâne du Roi Toera, décapité en 1897 par les troupes françaises et emporté comme trophée en France, ne sera toutefois pas restitué comme prévu à l’occasion de la visite. Des descendants du Roi s’opposaient à une restitution en avril 2025, synonyme de malheur selon les traditions locales. La famille a demandé aussi que le tombeau du Roi, récemment profané, soit restauré avant d’accueillir dignement les restes humains.

Les Malgaches réclament des gestes mémoriels plus forts de Paris, comme la mise en place « d’une Commission pour faire toute la lumière sur ce qu’on appelle les violences coloniales », relève Jeannot Rasoloarison, historien à l’Université d’Antananarivo. Le Président français défendra ce 24 avril l’intégration de Mayotte, bloquée par les Comores, à la COI (Commission de l’océan Indien), à l’occasion du cinquième Sommet de l’organisation intergouvernementale dans la capitale malgache.

« La France tout entière a vocation à avoir sa place dans la COI », a martelé ce 21 avril E. Macron à Mayotte, alors que seul le département de La Réunion y est aujourd’hui représenté.

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