La Cour d’appel d’Alger a confirmé ce 1er juillet 2025 une peine de cinq ans de prison ferme à l’encontre de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en depuis plus de sept mois et au coeur d’une grave brouille diplomatique entre l’Algérie et la France.
Le procès en appel de ce 1er juillet 2025 a eu lieu aussi bien à la demande de l’écrivain que du parquet, qui a requis 10 ans en appel comme en première instance. Interrogé en appel le 24 juin sur sa déclaration sur les frontières, M. Sansal avait répondu: « Je ne fais pas que de la politique. Je m’exprime aussi sur l’histoire », invoquant le droit garanti par la Constitution « à la liberté d’expression ».
« La France a créé les frontières (de l’Algérie colonisée à partir de 1830, NDLR) mais heureusement après l’indépendance (en 1962), l’Union Africaine a décrété que ces frontières héritées de la colonisation étaient intangibles », a-t-il ajouté. L’arrestation de M. Sansal le 16 novembre 2024 à Alger a envenimé une brouille entre Paris et Alger déclenchée en juillet 2024 par la reconnaissance par la France d’un plan d’autonomie « sous souveraineté marocaine » pour le Sahara occidental.
Ce territoire non autonome selon l’ONU est l’objet d’un conflit depuis 50 ans entre le Maroc et les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger. Depuis, les deux pays traversent une crise diplomatique sans précédent, marquée par des expulsions de diplomates de part et d’autre, des restrictions pour les titulaires de visas diplomatiques et un gel de toutes les coopérations.
– Une grâce? –
Le 6 mai 2025, l’Assemblée Nationale française a adopté une résolution appelant à la « libération immédiate » de l’écrivain, et a subordonné au respect des « engagements internationaux en matière de droits humains » toute « coopération renforcée » entre l’Algérie d’une part, la France et l’Europe de l’autre. Si en France, M. Sansal fait l’objet d’une vaste campagne de soutien, en Algérie, où il n’est pas très connu, peu de personnalités l’appuient.
Des prises de positions pro-israéliennes de l’écrivain rediffusées sur les réseaux sociaux lui ont aussi valu l’hostilité d’une partie de l’opinion publique algérienne pour laquelle la cause palestinienne est sacrée. Jusqu’à présent, les multiples demandes de libération ou d’une grâce du Président algérien Abdelmadjid Tebboune, « un geste d’humanité » réclamé par son homologue français Emmanuel Macron en personne, sont restées lettre morte.
Des proches dont ses deux filles ont émis l’espoir qu’il soit gracié à l’occasion du 5 juillet prochain, marquant le 63e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Interrogé ce 1er juillet sur France Inter, le ministre de l’Intérieur français Bruno Retailleau, partisan d’une ligne dure et devenu la bête noire du pouvoir algérien, a également souhaité une « grâce » présidentielle.
© Afriquinfos & Agence France-Presse