Paradoxe sanitaire: Les Africains peu vaccinés contre la Covid-19 peinent à consommer les vaccins produits sur leur continent

Afriquinfos Editeur
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South African President Cyril Ramaphosa and Dr. Patrick Soon-Shiong cut a ribbon, while Premier of the Western Cape Alan Winde looks on, during the launch of NantSA, a future vaccine manufacturing facility designed to accelerate the production of pharmaceuticals, in Cape Town, South Africa, January 19, 2022. REUTERS/Shelley Christians

Cape Town (© 2022 Afriquinfos)- L’Afrique fait face à un manque de vaccins pour immuniser toute sa population contre la covid-19. Pourtant, la première usine de fabrication de vaccins anti-covid-19 est menacée de fermeture, faute de clients. Les commandes tardent à suivre le rythme de la production.

Alors que l’Afrique aspire à être autonome en matière de production conséquente de vaccin anti-Covid, à ce jour, le continent fait face à un énorme paradoxe dans cette lutte. Le sérum fabriqué en Afrique du Sud s’accumule dans son usine de production, faute de preneurs. Mais au même moment, le continent africain qu’il est censé approvisionner souffre d’un déficit criant de doses. Visiblement, les décideurs africains ne sont pas fun  des sources locales d’approvisionnement de vaccin anti-covid.

La première usine de fabrication de vaccins anti-covid-19, productrice de vaccin Aspenovax est menacée de fermeture, faute de clients. Il s’agit du fruit d’un accord d’exploitation de licence 2021-2026 entre la firme pharmaceutique sud-africaine Aspen Pharmacare et l’Américaine Janssen, qui n’intéresse manifestement personne. C’est du moins ce que laisse entendre le cri du cœur lancé ces derniers jours par Stavros Nicolaou, cadre supérieur chez Aspen.

Bien que le besoin de vaccins soit effectif sur le continent, les autorités ne semblent pas particulièrement pressées de s’en procurer auprès de la firme. Pour le directeur, Stavros Nicolaou, si la situation reste inchangée, « il est clair qu’il y aura très peu de raisons de conserver les installations » qui sont actuellement utilisées pour la production des vaccins.

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Le dirigeant a notamment indiqué, il y a moins d’une semaine, que sa société n’avait toujours pas reçu la moindre commande de vaccins malgré une production entamée depuis bientôt un mois au prix de longues tractations.

Vers une fermeture d’usine

Alors que l’entreprise ambitionne sur le long terme « de passer à la production d’autres vaccins », ce projet a aujourd’hui très peu de chances d’aboutir, selon le responsable.

« Si vous ne comblez pas cette lacune à court terme par des commandes, vous ne pourrez pas maintenir ces moyens sur le continent », a-t-il fait savoir.

Cette situation intervient un peu moins de deux mois après la signature d’un accord entre Aspen Pharmacare et le fabricant de vaccins Johnson & Johnson, permettant à l’usine de fabriquer et de fournir le vaccin Johnson & Johnson sous sa propre marque.

Pourtant, l’Afrique qui ne fabrique que près de 1% des vaccins qu’elle utilise avait émis le vœu en avril 2021 de produire elle-même 60% des sérums utilisés sur le continent, d’ici 2040. Aspen Pharmacare avait d’ailleurs reçu plus de 631,7 millions de dollars de financement de plusieurs institutions internationales pour l’aider à mener à bien le projet.

Actuellement sur le continent, 15,85% de la population est complètement vaccinée, et pour ceux qui le sont partiellement, le taux est de 20,62%. Cependant, selon Africa CDC, 66,61% de doses disponibles, soit 506,4 millions, ont déjà été utilisées sur les 760,2 millions de doses mises à la disposition de l’Afrique.

Cette situation pourrait mettre en péril l’ambition de l’Union africaine de produire sur place 60% des sérums inoculés en Afrique à l’horizon 2040. Et pour cause, les Africains toujours aussi réfractaires aux vaccins, contraignent leurs dirigeants à en détruire régulièrement des centaines de milliers qui leur proviennent de dons occidentaux.

V.A.