Le réchauffement de la planète sur les prochaines années ne va pas épargner l’Afrique

Afriquinfos Editeur
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Genève (© 2023 Afriquinfos)- Les températures mondiales devraient battre des records ces cinq prochaines années sous l’effet des gaz à effet de serre et de la survenue d’El Niño, alors que les pays du Sud sont en première ligne face au réchauffement climatique, a mis en garde mercredi à Genève, une agence des Nations Unies.

Selon un nouveau bulletin publié par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), il est probable à 98% qu’au moins l’une des cinq prochaines années soit la plus chaude jamais enregistrée. Il est probable à 66% que la température moyenne annuelle à la surface du globe dépasse de plus de 1,5 °C les niveaux préindustriels pendant au moins l’une des cinq prochaines années, soit entre 2023 et 2027.

’Les données de ce rapport ne signifient pas que nous dépasserons de manière permanente le seuil de 1,5 °C indiqué dans l’Accord de Paris. Toutefois, l’OMM tire la sonnette d’alarme en annonçant que le seuil de 1,5 °C sera temporairement franchi et ce, de plus en plus fréquemment’’, a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.

L’Accord de Paris fixe des objectifs à long terme dans le but d’amener l’ensemble des pays à réduire substantiellement les émissions mondiales de gaz à effet de serre et de limiter ainsi à 2 °C l’augmentation de la température mondiale au cours de ce siècle, tout en poursuivant les efforts déployés pour qu’elle ne dépasse pas 1,5 °C, afin d’éviter ou de réduire les incidences négatives et les pertes et dommages connexes.

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D’autant qu’un épisode El Niño devrait se développer dans les mois à venir. Associé au changement climatique anthropique, il fera grimper les températures mondiales à des niveaux jamais atteints.

‘’Les répercussions sur la santé, la sécurité alimentaire, la gestion de l’eau et l’environnement seront considérables. Nous devons nous préparer’’, a ajouté M. Taalas.

Selon ce bulletin sur les prévisions annuelles à décennales du climat à l’échelle mondiale, établi par le Service météorologique du Royaume-Uni (Met Office), qui est le centre principal de l’OMM pour ce type de prévisions, la probabilité que la température moyenne quinquennale dépasse le seuil de 1,5 °C n’est que de 32%. Néanmoins, la probabilité d’un dépassement temporaire du seuil de 1,5 °C n’a cessé d’augmenter depuis 2015, année où elle était proche de zéro.

Pour les années comprises entre 2017 et 2021, cette probabilité était de 10%. « Les températures moyennes mondiales devraient continuer d’augmenter, nous éloignant toujours plus du climat auquel nous sommes habitués », a affirmé Leon Hermanson, expert scientifique du Met Office, qui a dirigé la rédaction du rapport.

En 2022, la température mondiale moyenne a dépassé d’environ 1,15 °C la moyenne de la période 1850-1900. Il est prévu que, entre 2023 et 2027, la température moyenne à proximité de la surface dépasse chaque année de 1,1 °C à 1,8 °C la moyenne de la période 1850-1900.

L’OMM note également la probabilité d’un épisode El Niño se conjuguant au changement climatique et entraînant une hausse de la température mondiale. Le réchauffement de l’Arctique devrait être plus de trois fois supérieur à la moyenne mondiale.

L’Afrique la grande victime

Ce nouveau rapport publié avant le Congrès météorologique mondial (22 mai-2 juin), fait suite à un autre document publié en mars dernier. Celui-ci décrit le réchauffement climatique comme la cause d’une sévérité des sécheresses dans la Corne de l’Afrique.

L’Éthiopie, la Somalie et le Kenya subissent depuis plusieurs décennies des sécheresses à répétition. Le rapport publié en mars indique que ces périodes sèches sont clairement imputables au réchauffement planétaire, et qu’elles sont “cent fois plus probables qu’auparavant.”

La Corne de l’Afrique subit une sécheresse historique qui “n’aurait pas eu lieu sans le changement climatique”, a rapporté le Financial Times d’après une étude du World Weather Attribution (WWA), un groupe de spécialistes des événements climatiques extrêmes. Dans leur conclusion, les chercheurs “estiment que la survenue de telles sécheresses est cent fois plus probable qu’auparavant.”

L’Afrique de l’Est traverse actuellement de part et d’autres des inondations  et une sécheresse majeure. Cultures, animaux, humains, tous les organismes souffrent à des degrés divers du manque d’eau dans la région. “Quatre millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire et vingt millions sont menacées par l’insécurité alimentaire”, écrit le quotidien économique.

Le congrès qui démarre dans quelques jours, examinera les moyens de favoriser l’adaptation au changement climatique.

Il se penchera entre-autre sur l’Initiative en faveur d’alertes précoces pour tous, qui vise à protéger les populations de l’intensification des conditions météorologiques extrêmes, et la création d’une nouvelle infrastructure de surveillance des gaz à effet de serre, destinée à étayer les mesures d’atténuation du changement climatique.

V.A.