L’agriculture offre les meilleures chances pour éliminer rapidement la pauvreté en Afrique

 

Godfrey Bahiigwa, qui dirige le bureau régional de l’IFPRI pour l’Afrique orientale et australe, a émis cet avis lors d’une interview accordée à Xinhua à l’occasion du sommet de l’Union africaine (UA) tenu à Malabo en Guinée équatoriale, sou le thème  » Agriculture et sécurité alimentaire ».

Considérant comme prioritaire la transformation du secteur agricole en Afrique, les dirigeants africains ont choisi cette année d’axer leurs sommets de janvier et de juin sur l’agriculture et la sécurité alimentaire.   « La raison principale pour laquelle les dirigeants africains se concentrent sur l’agriculture est qu’on se rend compte que le secteur emploie toujours les deux tiers de la population, qu’il est la principale source des exportations pour la plupart des pays,et qu’il donne les meilleures chances de faire sortir les gens de la pauvreté dans les temps les plus courts possibles », a expliqué M. Bahiigwa.

     LE ROLE DU CAADP

Par ailleurs, l’année 2014 marque les 10 ans du Programme de développement de l’agriculture africaine (CAADP), programme du Nouveau partenariat pour le développement de l’ Afrique (NEPAD), lancé en 2003 à Maputo, dont l’objectif premier est d’accroître les investissements dans l’agriculture, de booster la sécurité alimentaire et de réduire la pauvreté en Afrique, a déclaré l’analyste de l’IFPRI.

Concernant l’urgence de transformer le secteur en Afrique, M. Bahiigwa a déclaré que l’ agriculture africaine a besoin de transformation pour passer d’un secteur à faible input et à faible output à un secteur à input et output élevés.

« Cela signifie accroître la quantité d’output par unité de terre ou par unité de personne », a-t-il déclaré.  » Pour l’ instant, ces deux paramètres sont faibles dans les pays africains « .

M. Bahiigwa a expliqué que la production de céréales en Afrique correspond à 20-30 % de ce qui est possible d’avoir dans les pays développés. Cela signifie que l’Afrique peut encore tripler voire quadrupler ses productions de céréales par rapport aux niveaux actuels.

Ces dix dernières années, le CAADP a joué un rôle dans l’agriculture africaine aux niveaux du continent, des régions et des pays, a-t-il indiqué.

Au niveau continental, la Commission de l’Union Africaine et l’agence du NEPAD ont utilisé la plateforme du CAADP pour mobiliser les dirigeants africains et la communauté internationale pour se rassembler autour du besoin de transformer l’agriculture africaine.

« A ce niveau, maintenir le soutien politique est très important « , a-t-il poursuivi.   Au niveau régional, les communautés économiques régionales travaillent avec les Etats membres pour signer des conventions du CAADP et formuler et étudier les plans d’investissements nationaux en matière d’agriculture (NAIP).

Au niveau national, c’est l’ endroit où se produit l’action : traduire les politiques et les stratégies en actions sur le terrain pour atteindre les objectifs de chaque pays.

Le rôle du CAADP dans le processus de transformation est de réunir le soutien pour l’agriculture à tous les différents niveaux et de formuler des plans d’investissements,a-t-il ajouté.

     LES PROGRES DEPUIS DIX ANS

Beaucoup de progrès ont été réalisés, dix ans après la mise en oeuvre du CAADP en 2003, a déclaré l’analyste.

Par exemple, plus de 40 pays ont signé le CAADP et environ 30 d’entre eux ont signé le NAIP.

« C’est impressionnant », a-t-il affirmé. « Toutefois, le défi réside dans la mise en oeuvre, dont la qualité varie d’un pays à l’autre ».

Des progrès ont également été faits dans l’augmentation du financement pour le secteur. Dans l’ensemble, le volume des ressources consacrées à l’agriculture en Afrique a augmenté en moyenne de 7,4% par an, mais du fait que les dépenses totales ont augmenté plus vite que cela, la part des dépenses publiques dans l’agriculture a diminué.

L’année dernière, 13 pays avaient atteint l’objectif de 10% de leur budget consacré à l’agriculture.

     LA SECURITE ALIMENTAIRE EN AFRIQUE

L’autre partie du thème du sommet de l’UA est la sécurité alimentaire. Pour le moment, l’ONU a averti que la Somalie est au bord d’une nouvelle crise alimentaire, qui a suscité des craintes d’une répétition de la crise de 2011, au cours de laquelle 258.000 personnes ont perdu la vie.

« La situation de la sécurité alimentaire en Somalie est causée par plusieurs facteurs, à la fois humaines et naturelles », a déclaré M. Bahiigwa. « Les conflits humains dans ce pays ont duré plus de deux décennies ».

« Ils ont détruit la base productive (…), les populations sont incapables de rester pour longtemps au même endroit pour y mener une activité agricole. Les facteurs naturels sont les sécheresses récurrentes, en plus du changement climatique sont devenues plus fréquents et plus graves », a-t-il souligné.

S’exprimant sur les leçons qui peuvent être tirées de la crise alimentaire en Somalie, M. Bahiigwa a souligné la paix comme une condition préalable pour assurer la sécurité alimentaire en Afrique.

« Les agriculteurs doivent vivre dans un environnement politique stable pour mener à bien l’agriculture. Même le commerce n’est pas possible s’il n’y a pas de paix », a-t-il dit. « Ensuite, une fois que la paix est assurée, les investissements doivent être faits pour accroître la productivité agricole, d’une manière qui favorisera la gestion durable des ressources naturelles ».

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