‘L’African Climate Summit’ dorénavant institué en rencontre biannuelle sur le continent

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Head of states and delegates pose for a group photo, during the official opening of the Africa Climate Summit at the Kenyatta International Convention Centre in Nairobi, Kenya, Monday, Sept. 4, 2023. The first African Climate Summit opened with heads of state and others asserting a stronger voice on a global issue that affects the continent of 1.3 billion people the most, even though they contribute to it the least. (AP Photo/Khalil Senosi)

Nairobi (© 2023 Afriquinfos)- L’Africa Climate Summit se tiendra désormais tous les deux ans, sur proposition du président kényan William Ruto, dont le pays vient d’accueillir le premier événement du genre. Nairobi la capitale kenyane a accueilli le premier Sommet africain du climat qui s’est achevé ce mercredi 6 septembre.

À l’issue du premier sommet africain sur le climat, l’Africa Climate Summit 2023, les cinquante-quatre pays réunis au Kenya ont signé une déclaration, la «Déclaration de Nairobi» qui « servira de base à la position commune de l’Afrique dans le processus mondial sur le changement climatique jusqu’à la COP28 et au-delà ».

Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a annoncé que cette déclaration avait été adoptée unanimement après « trois journées d’intenses débats et d’échanges ». Celle-ci préconise une taxe carbone mondiale et une réforme des institutions financières internationales pour financer l’action climatique en Afrique.

Le texte  de Nairobi doit entre-autre permettre au continent de parler d’une seule voix lors des prochaines discussions sur le climat. Mais les négociations entre États africains pour aboutir à ce texte ont été ardues.  Il souligne tout le potentiel de l’Afrique pour faire partie des solutions dans la lutte contre le changement climatique.

La déclaration demande à la communauté internationale d’honorer ses promesses, comme les 100 milliards de dollars par an promis en 2014 ou la mise en place d’un mécanisme de pertes et dommages annoncé lors de la COP27.

La rencontre a été l’occasion pour les chefs d’État et de gouvernement africains de s’engager notamment à développer les énergies renouvelables, l’agriculture ou encore encourager les industries vertes.

Le besoin criard de financement

La « Déclaration de Nairobi » était au départ inspirée par la présidence du Kenya, un pays modèle de transition verte sur le continent. Elle appelait à intensifier les investissements dans les énergies renouvelables, une opportunité pour l’Afrique, selon le chef de l’État kényan, William Ruto. Ce dernier a annoncé que 23 milliards de dollars d’investissements avaient été promis au cours de ces trois jours de sommet, dont 4, 5 milliards des Émirats arabes unis qui accueilleront la prochaine COP.

Les États africains demandent l’instauration d’une taxe carbone mondiale, la création de nouveaux droits de tirage spéciaux du FMI pour le « climat », à la hauteur de ceux qui avaient été alloués aux pays pauvres face au Covid-19, et plus généralement que l’Afrique, de nouveau étranglée par la dette, ait accès à des financements à un coût abordable pour sa transition énergétique et son adaptation au changement climatique.

Un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) sorti ce mercredi pointe le manque d’investissements dans le secteur énergétique sur le continent. Seulement 3% – 76 milliards de dollars – des investissements mondiaux y sont réalisés et aujourd’hui, près de 600 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité. Les raisons sont connues, elles avaient déjà été au coeur des discussions lors du sommet de Paris en juin dernier : une grande partie des investisseurs estiment que financer des projets en Afrique est trop risqué.

Comment doubler les investissements dans l’énergie sur le continent ? Et surtout comment les flécher vers des projets durables et renouvelables ? Les défis sont nombreux.

La Banque africaine de développement entend dissiper ces inquiétudes. « Il faut réduire le coût du capital pour les projets d’énergie propre », clame Akinwumi Adesina, le président de la BAD. Les solutions avancées : réduire les taux d’emprunt bien plus élevés en Afrique que dans le reste du monde. Et miser sur les énergies renouvelables de plus en plus abordables et rentables. La Banque insiste d’ailleurs sur ses projets solaires au Sahel ou les parcs éoliens comme celui du lac Turkana au Kenya.

La déclaration rappelle le chiffre de 600 millions d’Africains qui n’ont toujours pas accès à l’électricité et à un mode de cuisson propre. On peut y voir la main des États africains producteurs de gaz qui défendent cette énergie fossile, moins nocive, affirment-ils, que le charbon de bois.

Les forêts du bassin du Congo, qui avaient été oubliées dans la première version, ont obtenu un paragraphe sur leurs réserves de puits de carbone et de biodiversité, de même que les océans, où les États africains veulent leur part des ressources, notamment minérales, des fonds marins.

Le sommet de Nairobi a lancé quatre mois de réunions internationales abordant les questions climatiques, qui culmineront avec la conférence de l’ONU sur le climat (COP28) de Dubaï fin novembre, où s’annonce une vive bataille sur la fin des énergies fossiles.

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